La compagnie aérienne Swiss, lourdement affectée par les répercussions économiques du coronavirus, a subi une perte d'exploitation de 266,4 millions de francs au premier semestre, après un bénéfice opérationnel de 245,3 millions un an plus tôt. La direction est très prudente pour la suite, même si elle entrevoit quelques améliorations.

La filiale de l'allemand Lufthansa a vu son chiffre d'affaires dégringoler de 55% à 1,17 milliard de francs entre janvier et fin juin, a annoncé jeudi le transporteur national dans un communiqué.

Face aux restrictions de voyages, le nombre de passagers a chuté de 64% à 3,2 millions et le nombre de vols a baissé de 59,5% à 29'667 rotations. En avril, au plus fort de la crise, le nombre de passagers s'était effondré de 99,2% sur un an.

«Nous sommes parvenus à réduire considérablement nos coûts fixes», la trésorerie étant assurée par les prêts du groupe Lufthansa et le crédit bancaire prévu et garanti par la Confédération, a précisé le directeur financier Markus Binkert.

Ce dernier a cependant averti que Swiss devait «continuer à réduire ses coûts de manière structurelle afin de pouvoir rembourser les prêts le plus rapidement possible». L'entreprise prendra ces prochains mois «de nouvelles mesures de réduction des coûts», avec un examen du déploiement de la flotte et la suspension de tous les investissements jugés non essentiels.

Un niveau pas atteint avant 2023, voire 2024
La situation n'est pas prête de s'améliorer de sitôt. Mercredi, le directeur général Thomas Klühr avait averti que la société perdait encore massivement de l'argent et un retour à des vols rentables risquait de prendre du temps.

Le transporteur a certes nettement réduit ses pertes depuis la fin du confinement, mais actuellement la société perd encore moins de 1 million de francs par jour, contre 3 millions par jour au plus fort de la crise, avait précisé le patron de Swiss dans une interview diffusée sur le site internet de 20 Minuten.

Dans l'immédiat, Swiss a constaté une reprise de la demande sur les vols européens, mais celle du trafic intercontinental, «indispensable à un rétablissement durable», est par contre beaucoup plus modérée. D'ici l'automne, la compagnie aérienne devrait reprendre environ 85% des destinations desservies avant la pandémie, mais avec seulement un tiers de la capacité.

La direction ne s'aventure d'ailleurs pas sur le terrain de prévisions chiffrées pour cette année, face à une situation «extrêmement évolutive».

Un retour aux niveaux d'avant la pandémie ne devrait être atteint qu'en 2023, voire en 2024, a précisé Thomas Klühr dans un entretien à AWP Vidéo. «Tous les secteurs doivent réaliser des économies» de l'ordre de 20% à 25% a ajouté le patron. La direction de Swiss ne sera pas épargnée et le nombre de cadres dirigeants doit être réduit.

Jeudi, la maison-mère Lufthansa a fait état d'une perte nette de 3,6 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année. Et au deuxième semestre, le groupe allemand, qui veut supprimer 22'000 emplois, s'attend à un résultat opérationnel «clairement» négatif malgré l'augmentation de l'offre. (awp ats)