Voilà un personnage qui illustre à merveille les liens qui peuvent unir culture et tourisme. Le plus british des détectives fait figure d’attraction aussi bien à Meiringen qu’à Lucens. Explication : Sir Arthur Conan Doyle avait fait mourir Sherlock Holmes dans les gorges du Rosenlaui, très précisément aux chutes du Reichenbach. Et Adrian Holmes avait ouvert un musée dédié à l’œuvre de son père dans une aile de son château de Lucens. C’est désormais à la Maison rouge, en contrebas du monument, que se visite cet espace patrimonial, riche d’objets en provenance sinon du célèbre domicile du détective, 221 Baker street, à Londres, du moins de celui de l’auteur.

Mais Meiringen n’est pas en reste. Le centième anniversaire de la « mort » d’Holmes, en 1991, a été marqué d’une pierre blanche. Un musée a été aménagé cependant qu’une statue en bronze était érigée devant l’église anglaise. C’est en effet le 4 mai 1891 que Conan Doyle, lassé de son personnage –56 nouvelles et 4 romans—décide de le précipiter du haut de la septième cascade du Reichenbach, au terme d’un terrifiant combat avec son ennemi juré, le professeur James Moriarty. « Si je ne l’avais pas tué, c’est certainement lui qui aurait eu ma peau », note-t-il dans son journal. Mais c’est sans compter avec la déception des lecteurs du « Strand », « accros » aux enquêtes du détective et de son comparse le docteur Watson. Conan Doyle n’a d’autre issue que de le faire réapparaître dans « La Maison vide ». En fait, Sherlock a réussi à s’en tirer grâce à sa maîtrise d’un art martial japonais. Seule l’incarnation du mal que représente Moriarty a été propulsée dans les eaux tumultueuses.

Depuis lors, les gorges du Rosenlaui sont un lieu de pèlerinage pour les fans du héros de Conan Doyle. Il faut dire que le panorama est particulièrement impressionnant. La Société Sherlock Holmes suisse –les « Reichenbach Irregulars »--, de concert avec ses homologues canadiens y a d’ailleurs apposé une plaque commémorative. Lorsque la Sherlock Holmes Society of London se déplace en Suisse, en costumes d’époque, elle ne manque pas de faire halte à Lucens et à Meiringen (où Conan Doyle a séjourné). Et, ce prochain 10 juillet, des rives du lac de Brienz à celles de la Tamise, la sortie de presse du livre « Arthur Conan Doyle and Switzerland » fera l’objet d’un zoom entre experts « holmesiens ». A Meiringen, on goûte certes la littérature, mais on se régale aussi de la fondue et du chocolat Sherlock. Après tout, pourquoi se priver des produits dérivés ?

Comme bien l’on pense, Suisse Tourisme n’a pas manqué de promouvoir les excursions à faire sur les pas du détective. Mais n’y aurait-il pas d’autres personnages ou personnalités, autour desquels concevoir de tels circuits ? Pourquoi pas Ian Fleming et James Bond, le premier ayant étudié à l’université de Genève et ayant eu une fiancée vaudoise ; le second ayant multiplié les exploits aussi bien au barrage de Verzasca (« Goldeneye ») qu’au Schilthorn (« Au service secret de sa majesté »). Sans oublier la résidence de Roger Moore à Crans-Montana.