Dans la foulée des décisions climatiques, le Conseil national a confirmé la décision du Conseil des Etats de lancer un programme d’impulsion en vue d’assainir les établissements d’hébergement dans l’Arc alpin (motion CE Hans Stöckli (PS/BE). C’est un pas important si l’on veut permettre à la branche de contribuer activement à la neutralité carbone. Les établissements de montagne, souvent indépendants, ne disposent pas toujours des capacités financières pour procéder à de tels investissements. Les banques considèrent ces établissements comme objets à risque. La discussion aux Etats a montré que le terme «Arc alpin» doit être compris dans le sens de «régions de montagne» et inclure l’Arc jurassien et les communes situées à une altitude élevée ou en terrain escarpé, ce qui en soit fait sens.

La Chambre basse a en revanche refusé de suivre sa consœur des Etats pour un programme d’impulsion touristique demandé par la Commission de l’économie et des redevances des Etats. Elle n’a pas compris qu’il y a un vide entre le Recovery programme à court terme du Conseil fédéral (axé principalement sur la stimulation de la demande (Suisse Tourisme) et de l’innovation (Innotour) dont les effets ne se verront qu’à long terme) et la Politique régionale (2023 – 2027), dont les résultats ne se verront guère avant la fin 2024. Le président de la Fédération suisse de tourisme, le CN Nicolo Paganini (Le Centre/SG) l’a parfaitement expliqué: Le tourisme subira en effet encore jusqu’à cette date les conséquences de la crise de la Covid et rien n’est véritablement prévu pour remplir ce vide. Le CN Paganini a, dans une proposition, demandé en outre que ce programme se focalise sur la durabilité et la numérisation, ce que la Chambre basse a aussi refusé. Il est donc assez surprenant que, quelques heures plus tard, le National accepte une motion du CN Damien Cottier (PLR/NE) demandant exactement la même chose que le programme d’impulsion version Paganini, c’est-à-dire un programme d’impulsion certes, mais ciblant davantage sur les investissements durables et l’innovation. S’il l’on prend encore en compte, qu’il a fallu revoter trois fois sur le premier objet, parce que les groupes n’étaient pas très au clair sur les consignes de vote, on peut dire que la confusion était totale. Il conviendra dans les prochaines semaines de remettre un peu de cohérence entre ces diverses décisions et de clarifier les points suivants: Premièrement, avec quelles mesures le Conseil fédéral entend-il réaliser l’assainissement énergétique des hébergements de montagne et, secondement, quels sont les mesures qu’il veut mettre en place pour faire le pont entre 2022 et 2024 en matière d’impulsion touristique et que prévoit-il pour répondre à la motion Cottier, si le Conseil des Etats la confirme en décembre.

Enfin le Conseil des Etats a renvoyé en commission une autre motion du CE Hans Stöckli (PS/BE). Celle-ci demande de stimuler le développement durable et la numérisation du tourisme dans le cadre d’Innotour. Ce programme est en effet un excellent instrument pour lancer des projets innovants dans le tourisme. Cependant, la branche constate que le transfert de connaissances nécessite plus de temps pour véritablement s’imposer dans les esprits et par les actes. Il convient de corriger cette faiblesse pour donner au tourisme suisse une véritable chance de devenir le leader mondial du tourisme durable et numérique.

Selon le dernier sondage effectué auprès des membres d’HotellerieSuisse, un tiers des établissements au niveau national, mais 60% dans les villes, ont besoin actuellement d’aides étatiques pour pouvoir couvrir leur frais. Avec des pertes de rendement estimées à quelque 3,3 milliards de francs, le secteur de l’hébergement n’a de loin pas encore franchi le cap du retour à la normale. Les autorités politiques et l’administration fédérale doivent maintenant garder toute la flexibilité qu’elles ont su démontrer pendant la crise pour remettre le secteur du tourisme sur les rails de la compétitivité.