Evènement principal de «l’année du Vélo 2022», proclamée par le canton de Vaud et les villes de Lausanne et d'Aigle, les deux étapes du Tour de France reliant Dôle à Lausanne et Aigle à Châtel ont assuré au Jura et à la région lémanique une promotion exceptionnelle. Avec plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs répartis sur l’ensemble des pays européens limitrophes, constituant les principaux marchés cibles de la Suisse, le Tour de France offre de fait une vitrine incomparable au tourisme vaudois, qui vise cet été encore en priorité le marché suisse et en priorité alémanique, et la France voisine.

Une campagne a ainsi été lancée en juin sur l’ensemble du pays, ayant comme but de placer cet été la région en tête des destinations cyclistes de la Suisse auprès des familles, des cyclotouristes et des tour-opérateurs.

Des retombées multiples pour les destinations vaudoises
S’il est encore trop tôt pour parler des retombées financières, le Tour a permis de mettre en avant les qualités d’organisation de la destination lausannoise. «En tant que capitale olympique, nous avons un positionnement sport très marqué, sans doute unique dans le monde», dit Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme. Et de souligner: «Nous avons établi d'étroites relations avec les fédérations sportives, en organisant de nombreux évènements comme les Championnats du monde de triathlon ou les Jeux olympiques de la jeunesse, toujours dans le but d’y associer la population et d’amener une ferveur populaire autour du sport et des sportifs. On l’a vu avec les étapes du Tour.»

«En tant que capitale olympique, nous avons un positionnement sport très marqué, sans doute unique au monde»
Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme

Selon les chiffres officiels, 65'000 personnes se sont massées le long des routes sur les cinq derniers kilomètres de l’arrivée à Lausanne – pour une agglomération d’environ 250'000 personnes. «Il y avait énormément de monde, c’est dans notre ADN. Cela intéresse donc aussi les fédérations internationales, qui voient nos capacités à mettre en place n’importe quel évènement sportif à fort prestige, dans un environnement par ailleurs magnifique», insiste le directeur du tourisme lausannois.

L’association du Tour de France a décerné à Lausanne son label «Ville à Vélo», qui consacre les collectivités qui s’engagent en faveur de la mobilité à deux roues. «Lausanne fait énormément pour ce sport, et nous continuons. On a une proportion croissante de gens qui s'y mettent, et le vélo électrique prend de l’importance», relève Patrice Schaub, responsable des manifestations et activités sportives de la ville de Lausanne et directeur opérationnel de l’étape du Tour. Un peu plus de 115 km de pistes cyclables existent déjà, mais la stratégie de la ville est d’augmenter son réseau d’itinéraires et faire en sorte qu’en 2030, 15 km de déplacement sur 100 soient réalisés à vélo.

La mobilité douce se veut évidemment un atout pour attirer les touristes. «Nous avons commencé à travailler avec les hôtels pour qu’ils accueillent les vélos et disposent de structures pour les entreposer, les réparer et les nettoyer. Mais les établissements de la ville doivent encore investir dans les équipements. L’idée est que les clients puissent passer d’une ville à l’autre à vélo», explique Patrice Schaub.

Afin de répondre justement à cette clientèle cherchant des itinéraires à étapes, des offres de vacances ont été développées par le canton en partenariat avec le tour-opérateur Eurotrek (proposant par ex. le Tour des Alpes vaudoises) et promues via le site myvaud.ch ou par les offices du tourisme concernés.

«Le vélo est un liant pour toutes les destinations vaudoises. Il y en a pour toutes les exigences sportives, tout en profitant de paysages superbes», précise Steeve Pasche. Dans ce cadre, le canton de Vaud a également lancé pour cette année une collection de parcours sur l'entier de son territoire. Intitulés «Home of cycling», ces 11 parcours sont destinés à différents publics en fonction de leurs affinités (sportifs, familles, etc.).

«Il est tout à fait pertinent de faire du vélo un des piliers de la durabilité, tant pour le tourisme que pour les habitants»
Sergei Aschwanden, directeur de la destination Bex-Villars-Gryon-Les Diablerets

«Le plus important est de travailler sur le long terme avec des évènements sportifs de tailles nationale et internationale. Sur la région Villars-Diablerets, notre stratégie consiste pour les 10 prochaines années à accueillir des étapes du Tour de Romandie, de Suisse, du Giro, du Tour de France, mais également les championnats du monde de cyclisme professionnel sur route et amateur. On parle certes d’un budget pouvant atteindre quelques centaines de milliers de francs, voire de millions pour le Tour de France ou le Giro, mais en matière de visibilité médiatique, si on devait financer l’équivalent avec des campagnes publicitaires, ce serait impossible», analyse Sergei Aschwanden, directeur de la destination Bex-Villars-Gryon-Les Diablerets. Commentant la stratégie cantonale de promotion du vélo «Horizon 2035» publiée en octobre 2021, le député PLR au Grand Conseil ajoute: «La direction est bonne, il est tout à fait pertinent de faire du vélo un des piliers du développement durable, tant pour le tourisme que pour les habitants. Mais nous avons pris un peu de retard. Il y a un débat sur la construction des pistes cyclables, qui empiéteront sur des terres agricoles. Il faut encore réfléchir là-dessus.»

Importance économique du tourisme sportif
Selon l'étude «Sport Suisse 2020», le tourisme sportif revêt une importance économique non négligeable. A l'échelle nationale, l’économie du sport a généré en 2017 une valeur ajoutée brute de 11,4 milliards de francs et représente 97'900 emplois équivalents plein-temps.

Le secteur du tourisme sportif contribue à 18% de la valeur ajoutée brute générée par l’économie du sport. Il représente 25% des emplois générés par le sport et se retrouve en première position par rapport aux autres secteurs d’activité (devant les installations sportives, 24% des emplois, et les services liés au sport, 14% des emplois).

Alain-Xavier Wurst