Une peine de prison ferme a été prononcée à l'encontre de Philippe Guignard. Le célèbre pâtissier a été reconnu coupable d'escroquerie par métier par le Tribunal d'arrondissement du Nord vaudois, qui l'a condamné à 3 ans de prison, dont 18 mois ferme. Philippe Guignard a été condamné pour avoir grugé seize personnes entre 2011 et 2013 avec un projet immobilier dans son fief à Orbe. Il avait en réalité détourné leur argent, plus de 3,2 millions de francs, pour éponger des dettes personnelles et celles de sa société, alors aux abois. Outre l'escroquerie par métier, l'ancienne star de la pâtisserie a été reconnue coupable de gestion déloyale aggravée et gestion fautive par la Cour correctionnelle du Nord vaudois, délocalisée pour l'occasion dans la salle d'audience cantonale à Renens.

Le président du tribunal Olivier Peissard a décrit un homme «orgueilleux», prêt à tout pour sauver son entreprise, et jouant de son prestige pour duper ses victimes. Il a souligné la «motivation vénale» de Philippe Guignard et sa «mise en scène de bout en bout» pour tromper les prêteurs. «Sa volonté délictuelle est élevée», a affirmé le président, notant aussi que le prévenu avait attendu son procès pour prononcer de véritables excuses. Il lui a reconnu une responsabilité légèrement diminuée, en raison de troubles du comportement dont souffre l'ancien pâtissier depuis plusieurs années.

Philippe Guignard est apparu sonné à la sortie du tribunal, reconnaissant qu'il ne s'attendait pas à une peine aussi lourde. «Ce n'était pas de l'escroquerie, mais de la maladresse et de la bêtise», a-t-il péniblement articulé. Comme durant son audition, il a répété que son idée avait toujours été de sauver son entreprise et ses 140 collaborateurs. Son avocate Marianne Fabarez-Vogt a indiqué qu'elle avait espéré «une petite déduction» par rapport à la peine requise par le Ministère public, et qui correspond à celle retenue par le tribunal. Même si elle avait demandé un acquittement durant sa plaidoirie, elle a reconnu qu'elle savait que son client n'échapperait pas à une peine ferme. Tant Philippe Guignard que son avocate ont dit qu'ils allaient sans doute faire appel.

De son côté, le procureur Anton Rüsch s'est réjoui d'un verdict «mesuré» et qui «rend justice aux victimes trompées» par le stratagème du pâtissier. «Il était temps», a commenté le représentant du Ministère public au sujet de faits remontant à près de dix ans. Egalement renvoyés devant la justice, deux comparses de Philippe Guignard ont été condamnés pour complicité d'escroquerie. Ils ont écopé de peines avec un sursis complet: 24 mois pour un notaire retraité et 20 mois pour un jeune financier.Le quatrième homme jugé dans cette affaire, un promoteur immobilier, a été sanctionné avec une peine de 12 mois avec sursis pour gestion déloyale aggravée et gestion fautive. Ce procès-fleuve s'est étalé sur huit jours à Renens. «C'est un événement rare», a reconnu le procureur Anton Rüsch.

Outre le stratagème d'escroquerie, ce procès a mis en lumière la chute de Philippe Guignard. Autrefois star des fourneaux et patron de plusieurs établissements renommés, mais aussi président du Lausanne-Sport et personnalité médiatique, l'homme a tout perdu en quelques années. Il est aujourd'hui ruiné, malade et condamné à de la prison ferme. (ats)