La finale mondiale du Bocuse d’Or à Lyon bat son plein. Journée intense pour le candidat suisse Ale Mordasini et ses deux commis. Hier, huit heures d’élaboration rigoureuse, à travers le thème de la cuisine alpine. Un trio très sérieux, concentré, des visages sur lesquels ne transparaissent pas trop d’émotions. «On reste toujours calme, on n'aime pas crier», confie l’Argovien ce matin en retrouvant des expressions plus détendues. Hier, il voisinait avec les grands favoris nordiques, le Danemark, la Suède et la Norvège.

Fascinant d’observer le culte calme autour du coach danois multi primé, comme candidat puis comme coach. Un photographe l’accompagne dans ses moindres mouvements. Il applique des gestes de chefs d’orchestre détendus, il danse, alors que son commis très tatoué souffle sur une préparation qui fume. «Le coach peut s’absenter dix minutes et la symphonie continue», s’amuse une grande toque française devant le pupitre danois. Dans ce milieux rigoureux et feutré des concours, on remarque aussi les transferts: un commis danois pour Singapour, un coach français pour le Japon. Le jury très masculin, à part Beatriz Gonzales Mexicaine de Paris, se concentre sur les boîtes en bois des plats à l’emporter. Seul le Costa Rica ose une variante de carton. Des jeunes chefs trouvent l’ensemble de l’esthétique du concours un peu trop technique: «Ils ne peuvent plus rien faire sans une imprimante 3 D», ironise l’un d’eux.

Dans les tribunes, les cloches suisses et les flûtes orientales tunisiennes s’unissent pour encourager leurs candidats. Aujourd’hui, l’équipe de France rentrait dans la course au Bocuse d’Or, mais le président Emmanuel Macron venu assurer son soutien à la gastronomie captait tous les regards. Alors qu’une mission parlementaire française terminait son rapport dans les travées du Sirha.  

En ressortant de la grande scène consacrée aux concours, on s’arrête par instinct au stand hongrois, car Budapest accueillera les prochaines sélections du Bocuse d’or. Là on déguste un goulasch rouge vif onctueux. Hier on découvre le visage de Philippe Rochat sur des panneaux dédiés aux pionniers de la gastronomie mondiale et on entend une voix qui réclame une présence plus importante d’Alain Chapel sur les cimaises: il s’agit d’Alain Ducasse. Plus loin une Japonaise porte un t-shirt à la gloire de Paul Bocuse. En rentrant le taxi dit que la gastronomie parle à tout le monde.

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