L'ouverture partielle des Grands Bains d'Hérémence juste avant Noël marque une nouvelle étape dans la réalisation du Dixence Resort. Sur une surface habitable de près de 20'000 m², l'offre s'étoffe peu à peu et deviendra d'ici à l'été 2025 un centre touristique de premier rang pour le val d'Hérens, en Valais. Après l'ouverture de l'Hôtel Eringer (4 étoiles,70 chambres) l'hiver dernier, le spa de 3300 m² viendra compléter l'offre de bains thermaux fin juin 2023, suivi d'une résidence Swisspeak de 432 lits, livrée entre Noël 2023 et l'été 2024.

En chiffres 

3300m2:
taille des Grands Bains d'Hérémence et du spa. Ouverture totale fin juin 2023. Exploités par Valvital.
70 chambres et suites: capacité de l'Hôtel Eringer, 4 étoiles, 150 lits. Relié aux bains et accessible skis aux pieds. Ouvert depuis Noël 2021.
432 lits: capacité de la résidence Swisspeak, soit 78 appartements dès Noël 2023. A cela s'ajoutent 53 résidences secondaires en PPE, potentiellement mises en location.
63millions: montant en francs de l'investissement. En détail: 15 mio pour l'hôtel et 18 mio pour le spa, portés pour la partie commerciale par la Foncière de la Dixence SA . A cela s'ajoute l'investissement du côté de Swisspeak: 30 mio.

Le hameau des Masses, situé sur la commune d'Hérémence et directement relié au domaine skiable des 4 Vallées, promet de changer radicalement de statut touristique. Car à l'arrivée du Dixence Resort s'ajoute un autreprojet, le Dent Blanche Resort, qui apportera quant à lui 650 lits d'ici à 2025 (lire ci-dessous). «Notre offre reposait jusqu'ici avant tout sur les résidences secondaires. D'environ 80 lits hôteliers, nous passerons à près de 1300 lits hôteliers d'ici à 2025. Les Masses deviendront un point d'attraction du val d'Hérens», annonce Grégory Logean, président de la commune d'Hérémence. 

Le Dixence Resort, y compris l'Hôtel Eringer, table sur une occupation annuelle grâce à la présence du centre thermal. Ce dernier sera exploité par la société française Valvital. Les bains seront alimentés par une eau sulfureuse thermale, parmi les plus riches que l'on trouve dans les Alpes suisses, aux côtés de celles du puits de Pro San Gian à St-Moritz.«Cette particularité devrait lui permettre de se distinguer», estime Hélène Masserey, collaboratrice administrative au sein du bureau mjd architectes SA qui pilote le projet. Les oppositions du WWF levées, la fouille pour acheminer l’eau thermale de Combioula sera construite cette année. «Cette eau servira aussi au chauffage à distance pour tout le complexe», précise Hélène Masserey.

«Le hameau des Masses deviendra un point d'attraction du val d'Hérens»
Grégory Logean, président de la commune d'Hérémence

Un changement structurel positif, qu'il faut accompagner
Pour la commune, l'intérêt des promoteurs est positif. «Cela faisait partie de notre volonté de développer le tourisme dans le secteur des Masses. Les autorités se réjouissent de ce changement structurel, mais il est important de l'accompagner», partage Grégory Logean. Pour le président, cette diversification doit bénéficier à la vie et à l'économie locale, par la création d'emplois notamment. «Ce projet offre des perspectives. L'une des missions de la commune consiste aussi à faire en sorte que la population de montagne continue à y vivre.»

[IMG 2]

Accompagner l'arrivée de ces nouveaux acteurs signifie plusieurs choses pour la commune: «Nous avons adapté nos infrastructures, telles que les routes et les accès, et allons développer notre offre touristique», indique Grégory Logean. Il mesure l'importance d'étoffer le catalogue d'activités 4 saisons pour satisfaire les hôtes séjournant dans la station. Un projet de sentier didactique réalisé en collaboration avec Swisspeak est par exemple à l'étude. L'été dernier, le télésiège des Masses a également ouvert durant quatre semaines en guise de test. Et ce n'est qu'un début.

Renforcer l'office du tourisme pour réaliser la stratégie
Afin de se préparer à ce changement de dimension, la commune a adopté en juin 2022 une stratégie touristique, avec l'aide de la société de conseil Ertenz. Le plan d'action sera finalisé cette année. «Hérémence est en train de vivre ce que d'autres communes valaisannes ont connu dans les années 1970, avec un développement touristique important. Et l'avantage d'avoir plus de recul. La réflexion est plus aboutie, elle prend en considération les besoins de la population locale», observe Yvan Aymon, directeur d'Ertenz conseil, qui a accompagné la commune dans ce processus durant un an environ.

L'investissement passe aussi par les ressources humaines. L'Office du tourisme d'Hérémence sera renforcé, avec la nomination d'un directeur d'OT à 100%, Yoann Nendaz, amené à remplacer Pascale Favre, actuelle déléguée touristique et culturelle qui partira à la retraite ce printemps. Une chargée de projet a aussi été engagée en décembre, avec pour mission de mettre en œuvre la stratégie. «En engageant du personnel, il y a une certaine assurance que cette vision touristique soit mise en œuvre», salue Yvan Aymon.

«L'envie de créer une porosité entre le resort et les villages est très marquée»
Yvan Aymon, directeur d'Ertenz conseil, mandaté pour la stratégie

De son côté, Pascale Favre perçoit d'un bon œil ces changements pour la destination. «Il y a de la place pour ces nouveaux acteurs, ceci nous permet d'élargir nos sites d'exception qui se limitaient jusqu'ici à l'église d'Hérémence, aux pyramides d'Euseigne et au barrage de la Grande Dixence. Mais il est important pour nous de ne pas dénaturer la région et que la population se sente bien intégrée.» La déléguée touristique s'attend à l'arrivée d'une nouvelle clientèle, au standing peut-être plus élevé. «Cette envie de créer une porosité entre le resort et les villages est très marquée dans la stratégie, ce plaisir du partage avec le touriste est loin du tourisme de ghetto tel qu'on l'envisageait il y a quelques années», note Yvan Aymon.

Développer la mobilité sur l'ensemble du territoire
Travailler sur l'ensemble du territoire grâce au développement de la mobilité fera partie des principaux enjeux. «Il s'agit certes d'un challenge, mais à partir du moment où il est identifié, cela est tout à fait faisable», rassure Yvan Aymon. Un test sera réalisé en février avec la création d'une navette des bains, en collaboration avec St-Martin et Evolène. «Cette navette doit fonctionner dans les deux sens, relève Pascale Favre. Elle doit aussi permettre aux hôtes du Dixence Resort de rejoindre les pistes de ski de fond d'Evolène ou les sentiers de randonnée de St-Martin.»


Résidence hôtelière

Le Dent Blanche Resort: 650 lits chauds d'ici à 2025

Toujours dans le même hameau des Masses, un autre resort est en train de sortir de terre, à environ 3 kilomètres en contrebas du Dixence Resort. Le Dent Blanche Resort se situe au départ du télésiège des Masses, au-dessus du parking, et bénéficie d'un accès ski in/ski out. Il abritera 87 résidences hôtelières, des appartements de 2,5 à 4,5 pièces, soit 650 lits chauds.

«Tous les appartements ont été vendus à des propriétaires qui doivent louer leur bien lorsqu'ils n'y sont pas», explique le promoteur Didier Favre. Le choix de l'exploitant est en cours. «Nous sommes en discussion avec deux exploitants, tous deux très bien positionnés sur le marché», poursuit-il.

Comprenant dix bâtiments répartis sur 10 000 m², le projet comprend également un wellness-spa-fitness avec piscine d'environ 400 m², un bar restaurant de 80 places, un bar après-ski, un lounge bar, une salle de jeu pour les enfants, un magasin de sport, une boutique de souvenirs, une épicerie du terroir ainsi qu'une petite patinoire. «Une trentaine d'appartements devraient être livrés à Noël 2023 ainsi que le wellness et le bar après-ski. Une deuxième puis une troisième tranche seront livrées pour Noël 2024 et 2025», annonce Didier Favre.

Pour le promoteur, «le Dent Blanche Resort n'est pas concurrent mais complémentaire au Dixence Resort». Tout en reconnaissant une similitude avec la résidence Swisspeak. «Hérémence est en train de devenir l'acteur touristique des 4 Vallées. Il y a une demande pour ce type de produit.»  lg