Avec l’organisation des épreuves des Championnats du monde de VTT en Valais, prévus en 2025, le canton entend se positionner clairement comme destination incontournable de ce sport à l’échelle suisse comme à l’échelle mondiale. Un sport qui est aujourd’hui en passe de devenir un phénomène de société, grâce à l’avènement du VTT électrique (ou ebike), lequel en deux ans a révolutionné la pratique du vélo en montagne, élargissant au grand public tous âges confondus ce qui auparavant était réservé à un petit cercle de sportifs aux mollets affûtés.

Le Valais capitalise sur ce trend en mettant actuellement en place trois circuits régionaux, qui viennent s’ajouter aux quelque 1800 km de pistes homologuées et balisées déjà existantes dans le canton. Le premier est le Valais Alpine Bike, situé entre Anzère, le Lötschental et Grimentz, qui comprend à ce jour 6 étapes et dont les 3 dernières seront réalisées l’année prochaine. Connecté le plus souvent possible aux remontées mécaniques des destinations traversées, le circuit s’adresse surtout aux VTTistes all mountain et amateurs de descente. Un deuxième itinéraire, centré sur la vallée de Conches, la vallée de Binn et le glacier d’Aletsch concernera plutôt un public familial. Enfin, Valais Ebike Tour s'établira dans le Bas-Valais vers 2023, avec là aussi une dizaine d’étapes spécialement conçues pour exploiter au maximum les possibilités offertes par le VTT électrique.

Faire du Valais la région de référence du VTT
A travers ces projets de développement, l’idée est de créer de la valeur ajoutée dans la région et des nuitées supplémentaires. «Le canton est conscient qu’il a un énorme potentiel bike. Nous devons nous positionner pour offrir aux pratiquants que nous ciblons les itinéraires les plus attractifs. L’important n’est pas seulement de proposer des itinéraires mais d’impliquer tous les acteurs de la chaîne de valeur, avec les hébergeurs, les remontées mécaniques, les magasins de sport, les restaurateurs, etc. Nous comptons beaucoup sur les prestataires sur ce point», explique Eric Bianco, chef du Service de l’économie, du tourisme et de l’innovation de l’Etat.

«Pour le VTT, il nous manquait un produit attractif en Valais. On s’est donc donné les moyens de créer ces trois offres régionales qui couvrent l’ensemble du canton. Il y a par ailleurs 85 compagnies de guides en Valais qui proposent toutes des itinéraires régionaux. On aimerait dans le futur intégrer leurs produits sur notre plateforme de vente. C’est la masse critique de tous ces prestataires qui pourra, à terme, faire du Valais la région de référence du VTT», précise Raphaël Favre, directeur Brand Activation chez Valais/Wallis Promotion.

Créée il y a 3 ans, la petite entreprise e-Alps a su identifier la nouvelle appétence du public pour le VTT en montagne. Son concept propose des circuits atypiques et haut de gamme clés en main, uniquement en ebike, sur des itinéraires comprenant entre autres les Hautes Routes, dont la plus connue est la Chamonix-Zermatt.

Un développement économique comparable à celui du ski
«On connaît une croissance exponentielle, chaque année nous doublons le nombre de nos expériences et on a déjà triplé la clientèle pour cet été. On touche des personnes qui aiment l’aventure, le voyage, avec un pouvoir d’achat assez élevé et qui veulent se remettre au vélo. L'ebike permet des expériences qui seraient impossibles à réaliser en vélo classique», explique Maxence Caron, guide valaisan cofondateur d'e-Alps, laquelle emploie aujourd’hui une quinzaine de personnes dont dix guides.

Avec un taux de retour de 90%, la clientèle essentiellement anglo-saxonne et du Benelux semble plébisciter le produit, ce dernier ayant déjà généré au cours de ce premier semestre 1200 nuitées, dont 1000 en Valais. «On aimerait que cette niche puisse s’agrandir et que ces parcours deviennent des classiques. Mais cela demande encore beaucoup d’investissements dans les infrastructures», ajoute-t-il, remarquant que celles du Valais doivent encore s’améliorer.

Dans un futur proche, avec les saisons d’hiver raccourcissant inexorablement, le canton table sur un développement économique du vélo/VTT comparable à celui de l’industrie du ski. Passionné de VTT, Jean-Marc Pellissier est propriétaire à Lourtier de l’hôtel et spa 3 étoiles familial La Vallée, qui dispose d’un garage aménagé et d’un atelier pour l’entretien et la réparation. Avec en prime, le cleaning des habits de sport des clients. Ce pionnier s’est orienté il y a une douzaine d’années déjà vers le bike, en proposant des packages d’une semaine avec des itinéraires passant par l’Italie et la France.

«C’est un modèle économique qui marche bien, il faut avoir certains équipements mais qui ne demandent pas de gros investissements. Il y a encore de la place pour les Bike Hotels», confie-t-il, certain que l’engouement pour le VTT et surtout l’ebike est loin d’être terminé.

Autre acteur de plus en plus impliqué dans ce qu’il faut bien appeler la nouvelle économie du bike, les remontées mécaniques ont commencé à aménager des pistes de descente, permettant une utilisation plus poussée de leurs installations. «Nous allons proposer quelques itinéraires à partir de cet été qui partiront de 2700 m ou de 2200 m et qui descendront jusque dans la vallée», explique Pascal Bourquin, directeur des Remontées Mécaniques de Grimentz-Zinal SA, qui estime entre 5 et 10% sa clientèle de VTT. «On a encore peu de personnes, car on est une station d’altitude, les chemins sont difficiles. Dans les stations plus basses, proches des agglomérations, les remontées mécaniques enregistrent des fréquentations de VTTistes beaucoup plus élevées», relève-t-il.

Toujours à Grimentz Zinal, l’école suisse de ski lancera cet été la Kids Bike League, déjà mise en place par l’école de ski à Verbier l’année dernière, pour apprendre aux enfants de 3 à 12 ans les secrets du bike. 

A côté du vélo de route et de la randonnée, activités phares, le Valais mise fortement sur le bike pour compléter son offre d’un tourisme 4 saisons, en structurant autour de lui tout un écosystème. La question de la cohabitation entre randonneurs et bikers, qui sont amenés à se partager les mêmes chemins, risque d’ailleurs à terme de se poser. Mais on en n’est pas encore là.