L’hôtellerie de luxe genevoise reste un monde à part. Elle générerait la moitié du chiffre d’affaires de l’ensemble de l’hôtellerie dans le canton. Mais jusqu’ici le groupement des cinq étoiles formé par douze membres affichait une sorte de pacte de non-agression. On le considérait même comme une amicale. Mais ces derniers temps le climat semble changer avec le transfert de Lars Wagner, au Beau-Rivage, Genève. Quelques mois seulement après son départ du Mandarin Oriental. Nos sources confirment les informations de Bilan: «Lars Wagner a été licencié en fin d’année dernière du Mandarin Oriental avec son responsable financier séance tenante.»

Un directeur de palace de la Rade rejoignant un autre palace de la Rade, cela nous semble surprenant. Nos sources confirment: «On peut qualifier ce transfert de totalement inédit», «de jamais vu». Cela nourrit de nombreuses discussions parmi les hôteliers entre sourires et incompréhension. Surtout que le poste repris par Lars Wagner était occupé par un des fils de la famille propriétaire Alexandre Nickbarte-Mayer qui devient administrateur délégué, au sein du Conseil d’administration de l’hôtel.

Un établissement familial habitué aux histoires de longue fidélité à travers son concierge Aldo Giacomello ou son chef au Chat Botté Dominique Gauthier. Mais depuis le départ d’Ivan Rivier pour le Lausanne Palace, après un mandat de 15 ans, le Beau-Rivage ­semblait chercher sa perle rare. Alexandre Nickbarte-Mayer avait repris la fonction et depuis août 2018 un directeur opérationnel André Cheminade le secondait. Il reste le numéro deux.

Selon nos sources, Lars Wagner arrive pour redynamiser les six suites rénovées en 2017, qui peinent à trouver leur place: «Il possède d’excellents réseaux sur le marché Moyen-Oriental.» Une hypothèse intéressante. Car le Mandarin Oriental rénove aussi sa suite présidentielle. Et surtout le marché des suites genevois reste central, depuis l’arrivée de Four Seasons aux Bergues en 2005 et sa politique tarifaire sur ses 45 suites. Une politique d’abord jugée extravagante par les autres acteurs, puis tentée d’être suivie et citée 
en exemple. Premier directeur du Four Seasons Les Bergues, à Genève, le charismatique José Silva incarnait cette politique qu’il a continué au George V, à Paris, puis comme CEO du groupe Jumeirah. Lars Wagner comme José Silva possède une passion de l’hôtellerie éprouvée à haut niveau et une fascination pour la gastronomie.

Il a choisi, lui l’Allemand, la voie plus périlleuse de rester sur un marché qu’il connaît par cœur. On ne peut pas reprocher à un directeur général d’hôtel de vouloir s’installer avec sa famille plus de cinq ans dans une ville qu’il aime et de choisir de travailler dans un 
bijou d’hôtel de famille. Et tant pis si comme dans le film de Vincent Pluss cela provoque «du bruit dans la tête.»