Le Beau-Rivage Palace, à Lausanne, 160 ans après son inauguration peut se présenter dans ses nouveaux atours. Depuis le 25 mars son aile historique Beau-Rivage entièrement rénovée par le designer français Pierre-Yves Rochon accueille à nouveau le public aux termes de deux ans de rénovation. Pour Nathalie Seiler-Hayez, directrice de l’établissement: «Un choix stratégique limpide du conseil d’administration du pôle hôtelier de la Fondation Sandoz de commencer les travaux lors de la première fermeture dans l’histoire de l’hôtel du 20 mars au 12 juin 2020. Il permet de présenter un hôtel plus beau que jamais.»

Qui mieux que Sylvie Gonin, concierge du Beau-Rivage Palace depuis 1993, pour nous guider à travers le palace, la première destination qu’elle peut recommander à ses hôtes. La grande nouveauté de l’aile Beau-Rivage fait mouche par sa modularité qui, par un jeu de portes communicantes permet de développer des espaces combinés de plusieurs chambres et salons jusqu’à 252 m². Cet aménagement permet d’accueillir des familles complètes et devrait devenir un des éléments qui permettra peut-être d’allonger la durée moyenne de séjour de deux à trois jours. De ses transformations, Sylvie Gonin insiste «sur le soin du détail», explique le dialogue entre une table de nuit ancienne et à l’autre bout du lit une commode rutilante de métal, rend attentive à la poésie des nombreuses statues animalières de Marcel-Edouard Sandoz. Elle montre ces voiles qui descendent de partout et que les gouvernantes laissent toujours ouverts pour que l’hôte rentre de plein pied dans la vue. 
 


Galerie photos

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Un élégant ascenseur de bois vers la chambre 552
La cheffe concierge tient à arriver progressivement vers les nouveaux espaces en repassant par le salon Sandoz, plus emblématique des onze salons, puis en nous montrant la chambre 552 de l’aile Palace construite en 1908. Pour découvrir progressivement l’histoire remis au goût du jour et ses spectaculaires suites. En chemin, elle raconte sa première rencontre avec l’écrivain Georges Simenon: «J’avais 19 ans, son œuvre, sa célébrité m’impressionnait». Elle s’attarde sur les têtes de colonnes dans les escaliers, l’envergure des enfilades de lustres et même «juste la beauté des pierres apparentes». Dans le salon Sandoz sous la fresques des quatre saisons, elle raconte cet espace «très classique et très moderne», à travers ses souvenirs: «En fermant les yeux, on peut imaginer les mariages de Diana Ross, de Phil Collins, mais aussi les négociations, comme le traité de Lausanne en 1923 définissant les frontières de la nouvelle Turquie: «J’y ai accueilli des historiens qui tentaient de se replonger dans cette ambiance», mais elle se souvient aussi de cette marque de voiture installant une rampe pour faire rentrer un de ses nouveaux modèles dans cet espace.

Nous empruntons un élégant ascenseur de bois et de miroirs construit en 1993 par Schindler où elle se sent bien. Nous voilà à la chambre 552: «Je l’aime bien avec ce volume bas, on ferme la porte et on se retrouve projeté dans ces tons beige, bleu et vert pensé par Pierre-Yves Rochon en 2014, puis directement en prise avec le lac.»Sylvie Gonin passe par le petit chemin dans le jardin de quatre hectares pour se retourner contre la façade, elle s’attarde sur la grande verrière contemporaine qui sépare les deux ailes: «Espace parfait pour commencer la journée au petit déjeuner» et la grande terrasse de la suite impériale. Dans le jardin, elle conseille une petite promenade de 10 minutes qui passe par les ruches et le parc du musée olympique. 

Un parquet comme un puzzle dans la suite Malmaison
On arrive dans l’aile Beau-Rivage elle fait admirer la complexité de la cage d’escalier. On entre dans la suite Malmaison, la préférée des chefs d’états et des grands diplomates. On regarde ensemble le parquet d’origine: «Un travail massif de restauration comme pour créer un puzzle.» Elle souligne les fleurs et les oiseaux sur la tapisserie, des éléments de gaieté. Elle se réjouit de retrouver dans ces couloirs flambant neufs de grandes délégations, absentes depuis deux ans: «Toutes les portes ouvertes, des bagages partout et une ambiance hors du commun.» Elle n’articule pas les chiffres vertigineux des transformations. En voici quelques uns: 200 tissus différents, 2500 objets, 2630 mètres de corniches, 15 kilomètres de moulures en bois, 30000 mètres carrés de plâtrerie, 3400 mètres carrés de marbre.


Consciente de l’ampleur de ces chiffres Sylvie Gonin préfère la légèreté d’une autre histoire, dans le lobby de l’hôtel, trône un majestueux lévrier afghan de marbre blanc «un de nos fidèles résidents s’asseyait toujours dessus, il me regardait, attendait que je lui amène sa clef.» Les clefs, celles qui ornent son uniforme noir, mais surtout celles qu’elle fait briller et qui lui permettent de beaux échanges avec les clients sur les musées, les restaurants. Elle y tient. Dans les années 2000 elle se bat contre l’arrivée d’un système de cartes. Pour Sylvie Gonin les nouveaux travaux s’inscrivent dans la logique d’un palace ouvert à tout le monde: «J’ai envie de dire entrez, venez voir.»