L’espoir de voir repartir les remontées mécaniques dès les premières neiges est bien réel. Une nouvelle société pour la gestion des remontées mécaniques Télécharmey SA a été créée la semaine dernière et présentée aujourd’hui à la presse. Elle réunit neuf investisseurs qui ont chacun injecté 100'000 francs. Parmi eux figurent des entreprises locales dont l’Hôtel Cailler et les Bains de la Gruyère. Le promoteur fribourgeois Damien Piller et le groupe vaudois Orllati sont aussi de la partie.

Quant à la commune, elle ne siège plus au sein du conseil d’administration et devient un partenaire «comme un autre». Sur elle, repose tout de même un soutien décisif de 250'000 francs par an, sur trois ans, montant qui devra être validé par l’assemblée communale cet automne. Rappelons qu’entre fin 2018 et début 2019, les autorités communales avaient tenté, en vain, de poursuivre leur soutien aux remontées en faisant voter une hausse d’impôt puis un octroi de crédit.

[IMG 2] Trois ans. C’est le temps que s’est donné ce nouveau conseil d’administration présidé par Philippe Menoud, ancien président de l'Hôpital fribourgeois, pour relancer durablement l’activité 4 saisons des remontées mécaniques. A l’opérationnel, on trouve un trio de directeurs jeunes et enthousiastes, déjà complices et soudés par leur activité managériale au sein de la société fribourgeoise unebonne­idee.ch, spécialisée dans les activités d’entreprises et de teambuilding: Claude Gendre, Joël Reinhard et Loris Corbaz. «Nous sommes créateurs de cohésion.» Tel est le slogan que l’on peut lire sur le site internet de leur société. A Charmey, cette mission sera aussi la leur, même s’ils souhaitent bien séparer leur activité. Chaque membre de cette direction tricéphale accordera 50% de son temps de travail à la direction des remontées mécaniques. Ils se répartiront les tâches en fonction de leurs compétences.

«Nous ne voulons pas juste relancer la télécabine, mais transformer cette structure en une entreprise d’exploitation spécialisée dans le sport, les loisirs, la gastronomie et le transport via les remontées mécaniques. Nous défendons la vision d’une économie circulaire pour garantir une pérennité», indique Claude Gendre.

Mettre les compteurs à zéro et faire travailler les gens ensemble
Après toutes les mésaventures charmeysannes, cette relance ne s’apparente-t-elle pas à de l’acharnement? Claude Gendre réfute. «Cette nouvelle société met les compteurs à zéro, avec de nouveaux investisseurs, une direction fraîche. Nous sommes des entrepreneurs, nous aimons imaginer les choses, les mettre en place. Beaucoup de gens ont réfléchi à la question, ébauché des solutions, mais ce qui a manqué, c’est cette force pour rassembler, inciter à faire travailler les gens ensemble.»

La stratégie porte sur un tourisme 4 saisons et une exploitation entre 250 et 280 jours par année. L’hiver et le ski seront toujours un axe stratégique mais les responsables affirment leur volonté de s’extraire de la dépendance à la neige. Une piste de luge est notamment à l’étude. La société est en discussion pour réintégrer le forfait Magic Pass, un partenaire jugé «essentiel».

«En travaillant sur ce projet, nous avons redécouvert la qualité de la vue à Charmey. Le sommet de Vounetse offre une vue panoramique fantastique, très contemplative.» Vélo, randonnée, parapente sont parmi les activités citées à ce stade. L’objectif étant d’associer Charmey à une destination familiale, de loisirs, de déten­te et de bien-être grâce aux Bains. Sans oublier la gastronomie, portée par la présence de deux res­taurants 1 étoile Michelin (L’Etoile et la Pinte des Mossettes).

La commune travaille également à l’aménagement de zones touristiques spéciales afin de faciliter la création d’hébergements insolites en altitude, tels que tipis, cabanes et lits à la belle étoile, nuit sur la paille dans des chalets d’alpage ou des chambres «cosy» à louer à l'étage du restaurant d'altitude Tissineva.

Transformer le parking en lieu convivial d’accueil et d'information
L’une des priorités de la nouvelle société se situe au niveau du départ de la télécabine et de l’expérience client. «Nous voulons transformer ce parking en un lieu d’accueil, d’information et de convivialité. Faire en sorte de donner envie de s’arrêter, avec une place de jeux, un pumptrack…» Les destinations grisonnes de Laax et de Flims les ins­pirent particulièrement en matière d'accueil. Ce nouveau dynamisme réjouit notamment Pascal Charlet, directeur de La Gruyère Tourisme. Il évoque de possibles synergies au niveau de la communication ou de l’accueil par exemple.

La société Télécharmey SA débute avec un mandat de trois ans. Son objectif étant de parvenir à une «société saine», de se libérer totalement de l’aide communale et de «générer à terme d’autres investissements».

Retrouvez notre reportage à Charmey dans notre édition papier du 22 août 2019