Le développement touristique qu’a connu la Suisse a amené beaucoup de revenus et d’emplois, ce qui a été très important en particulier pour les régions périphériques où il est difficile de développer d’autres activités économiques.

Cet essor s’est cependant aussi fait au détriment de l’environnement, notamment en générant une forte urbanisation de la montagne via la multiplication des infrastructures de loisirs et des résidences secondaires, ainsi que des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux modes de déplacement privilégiés par les visiteurs, à savoir la voiture et l’avion.

Les prix de l’immobilier prennent l’ascenseur
Le développement touristique peut aussi être questionné sous l’angle social: les conditions de travail, par exemple dans l’hôtellerie et la restauration, sont souvent difficiles; quant à la population locale, elle a parfois du mal à trouver un logement abordable, les prix du foncier et de l’immobilier prenant l’ascenseur en station.

La transition touristique demande que d'avantage de moyens soient consacrés aux ressources humaines.

Dans ce contexte, les priorités des Verts en matière touristique pour la prochaine législature sont les suivantes:

Rendre le tourisme compatible avec la protection du climat
La promotion de Suisse Tourisme doit à court terme être davantage orientée vers les marchés de proximité, car la promotion sur les marchés lointains, et les voyages en avion qui en découlent, contribue à l'émission de quantités importantes de GES. Ceci fragilise le tourisme suisse en accélérant le réchauffement et ses conséquences, notamment la raréfaction de la neige et l’augmentation des dangers naturels.

Parallèlement, il faut soutenir le développement des carburants synthétiques pour l’aviation dans le cadre de la révision en cours de la loi sur le CO₂ afin de trouver à plus long terme une solution pour un trafic aérien peu émetteur de GES.

Développer le transport public vers les lieux touristiques
A côté de l’avion, la voiture est l’autre moyen de transport privilégié par les touristes. Afin à la fois de répondre aux attentes de la clientèle et de diminuer l’impact carbone du déplacement touristique, il faut améliorer l’offre en transports publics. Un postulat déposé par l’auteur de ces lignes sur ce sujet a été accepté par le Conseil national en mars 2022, et la Confédération va devoir définir une stratégie nationale en faveur de l'amélioration de la desserte en transports publics vers les régions touristiques.

Lors de la prochaine législature, les Verts s’engageront pour que ce postulat soit suivi de mesures concrètes.

Faciliter l’accès au logement pour la population locale
A ce sujet, le Parlement est en train de faire exactement l’inverse en ayant adopté l’initiative parlementaire de Martin Candinas visant à assouplir la loi sur les résidences secondaires (LRS). Etant donné que le marché de la résidence secondaire a repris des couleurs depuis la pandémie, cette initiative va renforcer le processus d’éviction de la population locale des centres des stations touristiques au profit de résidents secondaires plus fortunés. Avec à la clé un risque de disparition des commerces et des services du quotidien – épiceries, boulangeries, etc. – du fait de la diminution de la population permanente et de l’augmentation des lits froids.

Les Verts s’engageront pour lutter contre cette évolution dommageable à l’activité touristique et hôtelière, en s’opposant aux tentatives d’assouplissement de la loi sur les résidences secondaires et en demandant, dans les communes touristiques les plus réputées, de restreindre à l’avenir la transformation des résidences primaires construites avant l’acceptation de l’initiative Weber en résidences secondaires.

Financer l’innovation sociale et les ressources humaines
L’Etat ne soutient pas assez les acteurs dans les processus collectifs de transition touristique. De nombreux soutiens publics existent pour financer les infrastructures, mais il faudrait davantage financer le «soft», le savoir-faire nécessaire à la mise en place d’une nouvelle gouvernance qu’impliquent une vision et des projets touristiques 4 saisons.

Dans ce sens, l’Etat devrait financer des postes de responsables de projet, sur une période relativement longue (3 ans au moins), qui seraient chargés d’organiser dans les destinations des processus participatifs avec les habitants, les prestataires touristiques et les résidents secondaires. Le développement touristique s’est beaucoup basé jusqu’ici sur la construction d’infrastructures: la transition touristique demande aujourd’hui que davantage de moyens soient consacrés à l’innovation sociale et aux ressources humaines.