Des applaudissements nourris des autres vignerons de tous horizons qui se réjouissent pour Olivier Mounir vendredi soir. Le verdict du Grand Prix du vin suisse a rarement connu un tel engouement. Belle reconnaissance pour la Cave du Rhodan d’Olivier Mounir, à Salquenen, en Valais, qui vient de remporter le titre grâce à une Syrah 2021, au sommet du podium des autres cépages rouges, et le prix Vinissimo coup de cœur du jury de dégustation des finales en septembre. Cela démontre «un travail calme et cohérent depuis la reprise, en 2007, d’une cave dans sa famille depuis trois générations», soulignent plusieurs professionnels. 

Olivier Mounir accueille avec beaucoup d’émotion cette reconnaissance de la profession, par les nombreux messages de soutien qu’il reçoit depuis son sacre, et dit: «On tente simplement de travailler au maximum de nos qualités et pas de nos ressources.»

Monocépages travaillés 
uniquement en cuve inox 

De Salquenen, on connaît surtout des Pinots Noirs très expressifs, dont un Grand Cru classé depuis 1988, et a priori beaucoup moins ce type de Syrah. Un vin qui frappe par son élégance, sa discrétion, sa belle bouche de cassis, des tanins extrêmement souples et son final légèrement poivré. Lors d’une dégustation de son Pinot Noir, fin 2021, à la Mémoire des vins suisse, de son Grand Cru Salgesch Hommage 2013, on notait des qualités semblables: «Des tanins souples, l’élégance de la structure.» Un style que recherche le vigneron par un choix clair: «J’ai choisi de travailler mes monocépages comme le Cornalin, la Petite Arvine et la Syrah uniquement dans des cuves en inox, sans aucun contact avec du bois, ni du béton.» Quand il assemble la Syrah et le Merlot, il travaille avec de la barrique à la recherche de plus de complexité.

Olivier Mounir se réjouit de ce prix cristallisé par un cépage présent en Valais depuis plus de 100 ans et représentant 172 hectares du vignoble cantonal, mais aussi par une caractéristique que l’on remarque moins d’emblée, le millésime 2021. «Cela me rend fier de remporter ce concours avec un vin d’un millésime difficile où tous les vignerons ont dû lutter contre le mildiou et le gel et obtenu de petits rendements.» Près de 4000 litres de Syrah, pour environ 6000 les autres années. Parmi les 79 vins finalistes figuraient aussi plusieurs vins de 2020, 2019 et 2018 comme l’aboutie Syrah Les Titans de Provins, deuxième de la même catégorie. 

Olivier Mounir aime l’esprit des caves familiales qui défendent des vins qui ne cherchent pas à s’imposer par trop de muscles. Il ne craint pas de convoquer une qualité rarement utilisée pour les vins: la timidité, on complète avec de la pudeur. Celle qui pousse Olivier Mounir à parler plus facilement de la Syrah 2019 de son collègue Philippe Constantin, lui aussi de Salgesch, un vin vainqueur de sa catégorie l’an dernier. «J’aime ce type de vin, nos philosophies se rejoignent.» Le vin de la Cave du Rhodan frappe un autre spécia­liste de la Syrah, Jean-René Germanier, qui travaille ce cépage de façon différente, plutôt avec des aromatiques d’épices affirmées, mais qui admire le travail de son collègue: «On ne trouve en aucun cas ce côté végétal, qui peut me gêner dans certaines Syrahs. J’aime la persistance en bouche de ce vin.»

Machines agricoles électriques
et panneaux solaires

Depuis 2007, Olivier Mounir travaille en biodynamie «pour donner un maximum d’équilibre à la terre, et en pensant à nos enfants». Mais reste certifié en bio fédéral. Il réfléchit de façon globale. «Un collègue m’a suggéré de documenter, communiquer et mesurer. Nous disposons d’une stratégie de 30 pages.» Il évoque le développement de machines agricoles électriques et l’implantation, en pionnier sur son terroir, de panneaux solaires. Et au niveau social, le fait d’annoncer le montant qu’il paiera aux fournisseurs de raisins et de tout payer quand les grappes arrivent en cave ou celui de proposer des contrats à long terme aux saisonniers. «Tout cela forme une mosaïque.»