La menace est imminente: un astéroïde est sur le point de tomber dans le lac de Neuchâtel et de provoquer un tsunami ravageur! La catastrophe est certaine, à moins que l’on parvienne à dévier la trajectoire de ce corps extraterrestre. «Là-bas, la cabine téléphonique que nous cherchons! Allons voir, elle contient des indices pour remplir  cette mission!» 

C’est le scénario palpitant qui est proposé depuis quelques jours aux participants d’un nouveau jeu organisé au centre-ville de Neuchâtel. Mise sur pied par Tourisme neuchâtelois (TN) en collaboration avec la ville de Neuchâtel, «Mission Astrophone» –  référence aux astres – est une activité ludique présentée sous forme d’escape game urbain. Encore qu’ici, les joueurs ne doivent pas s’échapper d’un lieu fermé, mais au contraire y entrer, en l’occurrence des cabines téléphoniques désaffectées, pour chercher les informa­tions nécessaires à l’accomplissement de la tâche. 

«C’est un jeu un peu fou et compliqué», avait déjà laissé entendre en juin Corinne Stehlin, coordinatrice du projet, lors de l’assemblée générale de TN. Les défis n’ont certes pas manqué. Il a fallu obtenir l’autorisation de déplacer six cabines téléphoniques sur sept, afin que le périmètre du jeu soit facilement accessible à pied, les aménager de manière à respecter le temps de jeu et imaginer un scénario lié à la Belle Epoque. 

Attirer les familles avec adolescents et les entreprises
Profitant du succès que connaissent actuellement les escape rooms et les escape games, ce projet, d’un coût de 320 000 francs, complète la gamme des produits touristiques que Neuchâtel consacre depuis 2017 à la Belle Epoque, choisie pour ­mieux positionner la ville sur le plan touristique. L’Observatoire cantonal de Neuchâtel, qui joue un rôle clé dans le jeu, avait été créé en ce temps-là, en 1858 précisément. «Avec ‹Mission Astrophone›, nous essayerons de toucher une clientèle que nous n’avions pas auparavant, les familles avec des adolescents, ainsi que les entreprises, pour lesquelles une version team building a été conçue», indique Yann Engel, le directeur de TN. 

Sans téléphone portable ni maître de jeu
Original par l’usage d'anciennes cabines téléphoniques, en versions française et allemande, ce jeu se fait par équipe de 3 à 5 personnes en 2 h 30 environ. Il sollicite leurs sens et leurs compétences et leur permet de visiter la ville «autrement». Une mallette – remise à l’office du tourisme – leur fournit un carnet de jeu et une montre pour le décompte du temps. Comme ce dernier n’est pas chronométré entre les postes (sept cabines et un jardin), les participants ont le loisir de faire des pauses et d’avancer à leur rythme. «Mis­sion Astrophone» se distingue par le fait que les mécanismes du jeu se remettent automatiquement en place après le passage des joueurs et qu’il n’y a pas besoin d’utiliser un téléphone portable. «Comme les gens sont sans cesse connectés, nous ne voulions pas qu’ils aient encore les yeux rivés sur un écran durant le jeu», commente Gabrielle D'Aloia, de TN, participante au projet.

Prévu initialement fin d’août, le lancement du jeu a été retardé. Aussi, cette première période d’activité s’adressera-t-elle avant tout à la clientèle locale, «passablement intéressée», dit-on. Une communication à grande échelle aura lieu au printemps prochain. 
 


Ce qu'en disent les autres destinations

«Même nombreux, ces jeux sont un atout pour la région»

«Les escape games amènent de l’activité dans les villes, ils proposent un loisir supplémentaire», estime Cédric Clément, le directeur de Fribourg Tourisme et Région. Comme d’autres de ses homologues, il est favorable au développement de ce type de jeu. «Lorsque l’Association des encaveurs de Sion a ouvert son escape room, j’ai pensé qu'elle cannibaliserait nos visites ludiques, mais ce ne fut pas le cas», lance Jean-Marc Jacquot, directeur de l’Office du tourisme de Sion. Même nombreux, ces jeux sont un atout pour une région. Ils fonctionnent toute l’année, valorisent le patrimoine et intéressent aussi bien le public local que les résidents des stations. «Ils ont facilité la digitalisation du tourisme», relève le directeur sédunois. 

A Lausanne Tourisme, le directeur Steeve Pasche voit aussi ces jeux d’un bon œil: «Nous les publions sur notre site et les traduisons afin qu’ils touchent le plus de monde possible.» Pour lui, les escape games ou les escape rooms s’adressent aux familles, mais aussi aux couples, et dynamisent le week-end. Il  pense toutefois que l’office du tourisme doit relayer les offres, mais pas les créer. «Les exploitants ont des modèles économiques qui ne sont pas forcément les nôtres», dit-il.