Bernhard Tschannen, la société Glacier 3000 sera propriétaire de l'Hôtel des Sources aux Diablerets dès le 1er mai. Vous avez aussi racheté l'Eurotel au printemps 2022. Pourquoi investir dans l'hôtellerie?

Ces deux rachats répondent à une décision stratégique des investisseurs de conserver l'offre hôtelière aux Diablerets et surtout de l'améliorer. C'est une manière de garder la main sur les nuitées et de maintenir des lits chauds et attractifs. Aux Diablerets, il n'y a que trois hôtels de 50 chambres ou plus. Il était vraiment important pour nous, et pour la destination, que l'Eurotel avec ses 101 chambres reste ouvert. Il était en vente depuis un certain temps. Au vu de la proximité avec l'Hôtel des Sources (48 chambres), il nous a semblé judicieux de considérer ces deux entités comme une grande parcelle hôtelière. Les collaborations entre les deux hôtels sont d'ailleurs déjà nombreuses.

Quel est votre projet pour ces deux établissements?

L'Eurotel offre un très bon service grâce à l'équipe d'Alexandra et de Stéphane Wartner, mais en termes d'infrastructures, il est nécessaire de le rénover. Raison pour laquelle nous prévoyons d'investir plus de 10 millions de francs. Nous voulons en faire un hôtel de montagne cosy et chaleureux. Nous fermerons quatre mois, de la mi-août à la mi-décembre, puis à nouveau l'année prochaine. L'Hôtel des Sources fera l'objet d'une petite rénovation cet été, avant d'entamer une réflexion sur le long terme.

Quels synergies envisagez-vous entre ces deux hôtels?

Le couple Wartner reprendra la direction des deux établissements au positionnement complémentaire, 4 étoiles pour l'Eurotel et 3 étoiles pour Les Sources. Nous envisageons aussi de créer un très joli spa commun ouvert aux clients des deux hôtels, voire au public une partie de la journée. Ce projet doit être encore affiné. Il a constitué l'une des motivations à racheter l'Hôtel des Sources.

Dans quelle mesure ces hôtels serviront-ils à héberger la clientèle de Glacier 3000?

Ces deux hôtels ne deviendront pas que des hôtels destinés à loger des groupes. Ils garderont leurs séminaires, leur clientèle propre. Mais cela fait aussi partie de nos intentions de créer des packages attractifs pour les groupes afin de parvenir à l'objectif que nous nous sommes fixé comme objectif avec Glacier 3000 d'être ouvert 12 mois sur 12. Pareil pour les hôtels: nous visons une ouverture annuelle.

La crise du Covid a-t-elle remis en question la stratégie de Glacier 3000 à l'égard des groupes provenant surtout de l'étranger?

La crise du Covid nous a fait mal: nous avons perdu 40% de notre chiffre d'affaires lié à l'absence de clientèle internationale. Toutefois, nous avons toujours maintenu nos représentants sur les marchés étrangers avec nos partenaires des Hightlights Lake Geneva Region afin d'être prêts au moment de la reprise. Nous avons engagé deux vendeurs supplémentaires pour les marchés américain et européen, sur lesquels nous étions jusqu'ici moins focalisés pour la clientèle de groupes. Pour 2023, nous tablons sur un chiffre d'affaires B2B de 70% par rapport à l'avant-Covid.

«Nous nous sommes fixé comme objectif avec Glacier 3000 d'être ouvert 12 mois sur 12. Pareil pour les hôtels: nous visons une ouverture annuelle»
Bernhard Tschannen, CEO de Glacier 3000
 

Autre défi: la reconstruction du restaurant Botta, ravagé par un incendie en septembre...

Par chance, l'incendie n'a pas fait de blessés et n'a pas touché le téléphérique, qui est resté fonctionnel et nous permet de réaliser l'une de nos meilleures saisons. Très vite, nous avons songé à un plan B pour proposer une offre qualitative à nos clients. Nous sommes parvenus à construire en deux mois le restaurant provisoire Le Carnotzet, qui nous accompagnera jusqu'à la réouverture du restaurant Botta, si tout va bien à Noël.

Quels seront les caractéristiques du nouveau restaurant Botta?

Notre but consiste à reprendre le meilleur des vingt dernières années, en tenant compte des exigences à 3000 mètres d'altitude. Mario Botta a été intégré à la réflexion, donnant lieu à un échange intéressant. Nous allons intégrer des panneaux photovoltaïques, améliorer les fenêtres, rajouter une cage d'escaliers et créer un restaurant chaleureux, avec différents concepts gastronomiques. Les travaux devraient débuter à la fin mars.

Pour quel investissement?

Le budget n'a pas encore été établi.

Autre nouveauté de la saison: le Black Wall, piste la plus raide du monde et dont l'inauguration a dû être reportée, faute de neige. Pourquoi faire renaître ce secteur, fermé depuis 1999?

Ce projet est né d'un constat: il n'y a pas de piste sous le téléphérique, alors les gens viennent ici pour skier. Nous avons créé en 2017 la Red Run, qui se distingue avec ses 8 kilomètres et 1700 mètres de dénivelé. La suite logique consistait à relier le col du Pillon. Nous avons longtemps réfléchi à une solution pour contourner ce gigantesque rocher. Creuser un tunnel nous a paru comme la solution la moins invasive.

«Le Black Wall promet d'attirer les bons skieurs, un peu comme le Mur Suisse à Champéry»
Bernhard Tschannen, CEO de Glacier 3000

Créer des pistes emblématiques, un moyen de dynamiser votre domaine skiable?

Cela était nécessaire. Durant dix ans, nous nous sommes focalisés sur le glacier comme point d'excursion. Pour maintenir la rentabilité du domaine skiable, nous devions améliorer l'offre. Le fait d'avoir l'équivalent de deux domaines constitue un défi: sur le glacier, au sommet, les pistes sont larges, peu pentues, idéales pour les skieurs moyens et débutants. Ce que les gens connaissent moins, c'est l'offre complète de Glacier 3000, dès Noël, lorsque les grandes pistes, plus exigeantes, ouvrent. Nous devons encore travailler sur la communication pour valoriser l'entier du domaine.

Remarquez-vous déjà une augmentation de la part de votre clientèle skieurs?

Nous sommes passés de 30% de skieurs avant-Covid à environ 50%. L'amélioration de l'offre couplée à l'intégration du Magic Pass en hiver nous a aidés. Le Black Wall promet d'attirer les bons skieurs, un peu comme le Mur Suisse à Champéry. Il s'agira aussi d'une expérience particulière avec ce tunnel que l'on traverse à 15km/h. Cette nouvelle piste sera un plus et bénéficiera à toute la région.

Laetitia Grandjean