J'observe cet homme se pencher sur la statue de Jean Harp, à la fondation Beyeler. Je me dis: ouverts et expressifs, réclamons le rôle essentiel des musées. Les espaces de contemplation et de réflexion qu’ils offrent deviennent des refuges pour une destination touristique. L’artiste possède son atelier, le touriste ses musées, poches de résistances à d’autres formes de consommation. La crise sanitaire, le manque de culture qu’elle provoque en nous, sert à remettre nos priorités en ordre.

Mais quand je regarde cet homme se pencher sur cette statue, je me remémore aussi mon voyage en Basse-Engadine, à l’automne dernier, à Sent, à la Pensiun Aldier. J’y suis allé pour cet ensemble de 200 dessins exposés d’Alberto Giacometti. L’hôtelier et collectionneur Carlos Gross me laissait y descendre dans la nuit. Là, seul avec ses chefs-d’œuvre, je comprenais mieux «L’homme qui marche». Cette force du geste d’enlever de la matière.

Jeudi dernier, au centre Paul Klee, majoritairement des femmes qui regardaient les images d’Anne-Marie Schwarzenbach, comme une chorale du regard complice et courageux. Le musée espace de liberté reste désormais ouvert, la Pensiun Aldier aussi.