La dernière évaluation de la situation d’HotellerieSuisse montre une amélioration, laquelle n’égale toutefois pas le niveau d’avant la crise. La levée des restrictions liées à la pandémie a fait souffler un vent de reprise sur l’ensemble de la branche. 

L’hôtellerie urbaine présente toutefois toujours le plus grand écart par rapport au niveau d’avant la crise et dépend particulièrement du retour des hôtes internationaux. Non seulement la crise ukrainienne freine la demande intercontinentale, mais elle engendre aussi indirectement des pressions inflationnistes par le biais des prix de l’énergie, lesquelles affectent maintenant aussi notre branche.
 
HotellerieSuisse a réalisé un sondage auprès de ses hôtels membres entre le 5 et le 10 mai 2022. Quelque 180 hôtels membres de l’association ont répondu à des questions relatives à la situation actuelle. 
 
 Rétrospective et comparaison de la saison d’hiver 
 Alors que la reprise par rapport à la saison précédente transperce dans l’ensemble des régions touristiques, la comparaison avec le niveau d’avant la crise reste négative pour la plupart des établissements, notamment dans les villes. Concrètement, 75 % des établissements ont augmenté leur chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente, et même de plus de moitié pour environ un quart d’entre eux. Parallèlement, 60 % restent toutefois en deçà du niveau de 2018/19 et environ un cinquième des établissements réalisaient encore moins de la moitié du chiffre d’avant la crise. L’hôtellerie urbaine est particulièrement touchée, avec 82 % d’établissements ayant généré un chiffre d’affaires inférieur à celui d’avant la pandémie. Comparée à l’année précédente et au premier hiver de pandémie, la reprise s’explique par l’amélioration de la situation épidémiologique et la politique de restriction prudente menée l’hiver dernier.
 
 Tendance dans les villes: rétrospective et comparaison des vacances de Pâques
 La tendance de la saison d’hiver s’est poursuivie pendant les vacances de Pâques: la reprise est nette par rapport à l’année précédente, mais plus de la moitié des établissements n’atteindront pas encore le niveau d’avant la crise. Concrètement, 54 % des établissements ont augmenté leur chiffre d’affaires pendant les vacances de Pâques 2022 par rapport à celles de 2021. En comparaison avec les vacances de Pâques 2020 (début de la pandémie), cela représente même, sans surprise, 76 % des établissements, sachant que près d’un établissement sur deux a augmenté son chiffre d’affaires de plus de 80%. 

La reprise s’est aussi fait sentir dans les villes. La part des établissements ayant connu une hausse du chiffre d’affaires a été supérieure à la moyenne de 63 %, par rapport à l’année précédente et de 79 %, par rapport à 2020. Comparé au niveau d’avant la crise, les villes accusent également un retard de reprise pour les vacances de Pâques: près de 60 % des établissements sont en deçà du niveau d’avant la crise, alors qu’ils sont près de 50 % dans toutes les zones touristiques.
 
 Image hétérogène du marché, avec des exceptions
L’analyse des vacances de Pâques présente une image hétérogène du marché, avec des exceptions dans les deux sens. Si 30 % des établissements ont déjà dépassé leur chiffre d’affaires d’avant la crise, 20 % d’entre eux atteignent moins de 70 % du chiffre pré-pandémie. «On peut donc supposer que de nombreux hôtels bien positionnés se trouvent parmi eux. On ne peut donc pas évoquer un assainissement structurel naturel», relève l’association dans un communiqué.
 
 Perspectives pour la saison estivale
 Pour la saison estivale, 50 % des établissements hôteliers tablent sur une évolution globalement moins favorable et seulement 38 % envisagent une amélioration par rapport au niveau pré-pandémie. Dans l’hôtellerie urbaine, environ deux tiers des établissements s’attendent même à une évolution des affaires en deçà du niveau d’avant la crise. «Comparée à l’année précédente, la reprise devrait continuer, tant dans les villes que dans les régions touristiques classiques», indique l’associaiton. Outre la levée des restrictions liées à la pandémie, l’été pluvieux de 2021 a également favorisé une reprise durant la période de référence.
 
 Évolution de la demande
 Alors que la demande intérieure faiblit avec le rétablissement de la liberté de voyager, celle des marchés éloignés ne s’est pas encore totalement rétablie. Le retour des hôtes internationaux serait notamment «crucial» pour l’hôtellerie urbaine. La guerre en Ukraine, quant à elle, devrait avoir un impact négatif sur la demande intercontinentale, 58 % des établissements partent de ce principe. En outre, les restrictions de voyage persistantes en raison de la pandémie dans les pays d’origine (p. ex. en Chine) freinent aussi la demande intercontinentale. En revanche, l’assouplissement des dispositions sur les voyages permet le retour des hôtes européens et américains.  
 
 L’inflation atteint l'hôtellerie
 L’inflation touche également la branche de l’hébergement. Plus de la moitié des établissements a augmenté ses prix par rapport à l’année précédente. Dans plus de la moitié des cas, la hausse des prix d’achat comme l’énergie est invoquée pour justifier cette augmentation – une conséquence indirecte de la guerre en Ukraine. La hausse des charges de personnel n’est actuellement invoquée qu’à raison d’un tiers environ des hausses mentionnées. Le problème pourrait toutefois encore s’aggraver face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, s’inquiète l’association. (htr/lg)