La Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage (FP) et Mountain Wilderness (MW) ont décidé de recourir contre la décision du Tribunal cantonal du Valais d’autoriser la construction d’une passerelle métallique de 120 mètres de longueur sur le bisse du Ro, véritable icône du patrimoine culturel valaisan. Le bisse du Ro reliait à l’origine la rivière de l‘Ertense, située sur la commune d’Icogne à Plans-Mayens, situé sur la commune de Lens. Il traverse le flanc est du Vallon de l’Ertense, puis la vallée de la Lienne, en empruntant un tracé très escarpé. Un sentier pédestre fort escarpé longe le bisse abandonné depuis la construction d’un tunnel d’amenée des eaux en 1947. La vallée de la Lienne est marquée par son aspect particulièrement sauvage et par l’absence d’infrastructures à l’exception de la route d’accès saisonnière sur son flanc ouest menant au barrage du Tseuzier (ou Rawyl). En dehors du Grand bisse de Lens, du chemin historique de la Montagne et du bisse du Ro, le flanc est totalement préservé, raison pour laquelle il a été classé en zone de protection cantonale du paysage.Dans le cadre d’un projet de «valorisation» de l’itinéraire touristique du sentier du bisse du Ro mené par la Station de Crans-Montana a été développé un concept d’amélioration du tracé du sentier, dans lequel s’inscrit un projet de passerelle dans le but de «sécuriser» le passage dit «Dévaloir du Noir».

«Outre le fait que les valorisations prévues à la base se sont transformées en aménagements conséquents (passerelles en bois avec assises en béton, murs de soutènement, tronçons de chemin de 1,5 à 2 m de largeur avec coffrage en béton,) - de surcroît entrepris sans permis de construire - il apparaît qu’une passerelle métallique de 120 m de longueur ne s’avère pas d’une nécessité absolue sur ce chemin classé en catégorie «Chemin de randonnée de montagne». D’après la commune, le passage du Noir est considéré comme dangereux. Mais c’est un fait avéré et de notoriété publique qu’en de multiples endroits, le sentier du bisse du Ro emprunte des passages dangereux exposés aux risques de chutes de pierre. La sécurisation du seul passage du Noir ne permettrait pas d’assurer un parcours sans risques.C’est la raison pour laquelle un sentier de raccordement a été aménagé en 2013 entre le bisse du Ro et le chemin de la Montagne (ancien accès aux alpages) situé 100 m en contrebas et permettant de rejoindre le vallon de l’Ertense et le début du bisse (ancienne prise d’eau) en toute sécurité. La passerelle projetée s’avère de ce fait inutile dans un but sécuritaire. Elle fonctionnerait uniquement en tant que construction de prestige à but sensationnel, dénaturant ce qui fait la grandeur du bisse du Ro; son parcours historiquement vertigineux dans un cadre naturel sauvage», estiment les recourants. (htr/aca)