Elément phare de l’ancienne décharge chimique, qui avait mis le village de Bonfol sur le devant de la scène, le mur de 200 m. de long reste, mais pas la tour conçue par l’architecte Mario Botta. Constatant dès l’automne passé que la récolte de fonds stagnait à 51% des 5,6 millions de francs nécessaires, la fondation «Mémoire Art et Forêt – Bonfol» a décidé de revoir son projet. La nouvelle mouture, présentée mercredi matin, a été redimensionnée, ramenant le coût à 2,6 millions de francs. 

Trois Jurassiens – l’entrepreneur Gauthier Corbat, l’architecte Sylvain Dubail et l’artiste Augustin Rebetez – ont imaginé d’ajouter au mur, qui soutenait la structure couvrant la surface à assainir, un plan incliné. Cette toiture, faite de tuiles transparentes, proposera au visiteur différents espaces offrant des «expériences sensorielles puissantes», des lieux d’accueil et de rencontre, des hébergements insolites, le tout situé dans un milieu reboisé. Pour les initiateurs du projet, il est important de conserver ce mur. «Le supprimer revient à rayer une partie de l’histoire», a indiqué Yannis Cuenot, co-président de la fondation. «Le Refuge» – c’est le nom donné à ce monument intemporel – doit devenir un lieu de recueillement en phase avec son temps, le «Temple Maya du Jura».   

L’avenir du projet dépend de la décision de l’assemblée communale prévue pour mercredi soir. Si elle est positive, il faudra alors convaincre les donateurs du projet Botta de réallouer les montants promis et trouver 1 à 1,5  million de francs d’ici fin octobre, dernier délai avant la déconstruction du mur.  Cette nouvelle proposition a déjà fait l’objet de critiques. Philippe Roch, l’ancien directeur de l’Office fédéral de l’environnement, et Pierre Kohler, l’ancien ministre jurassien de l’environnement, ont exprimé leur scepticisme dans une lettre ouverte. Pour Pierre Kohler, cité par les médias locaux, il n’y a plus de véritable raison de conserver ce mur en béton sans la tour botta qui lui aurait conféré une plus grande portée.

La décharge de Bonfol avait été utilisée de 1961 à 1976 par les entreprises de la chimie bâloise où elles avaient déposé 114 000 tonnes de déchets spéciaux. Le canton ordonna la décontamination du site en 2000. Cette opération, menée de 2010 à 2016, avait permis d’excaver 220'000 tonnes de terre contaminée pour un coût total de 380 millions de francs. (htr/mh)