Les questions de gestion du personnel sont actuellement l’une des principales préoccupations du secteur Hospitality, confronté depuis la crise du covid à de grandes difficultés de recrutement. L’Institut Tourisme de la HES-SO Valais-Wallis a lancé l’année dernière plusieurs enquêtes, dont certaines sont encore en cours, pour tenter de comprendre le ressenti, les motivations et les attentes des employés comme des employeurs, et proposer ainsi quelques pistes de réflexion pour améliorer le recrutement ou fidéliser les salariés.

La première enquête, menée en 2022-2023 auprès des collaborateurs du secteur hôtelier et restauration en Valais, montre que la bonne entente avec les collègues et les patrons, la reconnaissance de leur travail ainsi que l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée sont des aspects importants à leurs yeux. Mais à cet égard, pour les deux derniers points, le taux de satisfaction des collaborateurs se situe «nettement en dessous des attentes», souligne Martine Hofstädter, collaboratrice économique à la HES-SO Valais-Wallis. Elle intervenait dans le cadre du Montreux International Tourism Forum (MITF), qui s’est tenu à Montreux les 8 et 9 novembre derniers. De même, le salaire est jugé insuffisant. Pour autant, l’étude indique que 80% des personnes interrogées sont satisfaites de travailler dans le milieu de l’hôtellerie et de la restauration.

Investir dans le bien-être des employés
Une autre enquête, menée cette fois-ci en 2023 à Crans-Montana, interrogeait les employés de la destination (tous secteurs d’activité confondus) sur les raisons qui les poussaient à changer d’employeur. On retrouve évidemment des motivations financières, mais également de meilleurs horaires de travail, plus de jours de congé et le souhait d’avoir un poste avec plus de responsabilités ou des tâches plus intéressantes. Les niveaux de satisfaction les plus bas concernent les possibilités d’évolution professionnelle et de promotion, le salaire et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Réalisée auprès des étudiants de la HES-SO Valais-Wallis sur leur vision du secteur hôtelier/restauration, une troisième enquête révèle que «beaucoup d’entre eux hésitent à s’orienter dans ce secteur en raison d’une image professionnelle parfois dévalorisée», explique Martine Hofstädter, tout en soulignant l’intérêt des étudiants pour l’aspect international de ces métiers.

«Dans l'industrie touristique, la marge de manœuvre sur le salaire est faible. Pour attirer de nouveaux employés, il faut valoriser l'image du travail effectué et investir dans le bien-être pour pouvoir les fidéliser», recommande Martine Hofstädter. «Les établissements peuvent réfléchir aux avantages non monétaires et questionner leurs employés sur ce dont ils auraient besoin. La flexibilité joue ici un rôle important», confie la spécialiste. La pénurie dans les métiers de l’hospitalité touche également l’économie française. Invitée au MITF, Marie-Claude Frossard dirige les agences Pôle emploi de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Afin de susciter l’intérêt de demandeurs d’emploi n’ayant pas de formation dans les métiers du tourisme ou de l’hôtellerie, «nous cassons les codes, tant sur la sélection des profils que sur nos méthodes de recrutement», précise Marie-Claude Frossard.

Si j’ai un conseil à donner aux entreprises, c’est "ouvrez vos portes!"
Marie-Claude Frossard, Directrice de Pôle Emploi de la région Auvergne-Rhône-Alpes (France)

La stratégie de Pôle emploi est d’inviter des demandeurs d’emploi quels que soient l’âge, le sexe et le parcours de vie, à rencontrer des entreprises du secteur. Et ce, uniquement sur la base du savoir-être et de la motivation. «L’idée est de capter leur intérêt et s’ils sont séduits, nous leur proposons de suivre une formation professionnelle»,  dit Marie-Claude Frossard, qui travaille en étroite collaboration avec les deux fédérations de l'hôtellerie-restauration en France, l’UMIH et le GNI. «Nous avons des systèmes de formation assez performants. Ensuite, on part du principe que tout s'apprend. Le challenge principal est d’inciter le premier pas.»

Proposer une immersion professionnelle directe
Pôle emploi a également développé une plateforme où des établissements ou entreprises en recherche de collaborateurs les accueillent, en leur proposant directement une immersion professionnelle. L’objectif étant de présenter les métiers de l’hospitalité «de l’intérieur» et de casser certaines idées reçues. «On obtient de très bons résultats avec cette méthode, avec souvent une embauche à la clé. Si j’ai un conseil à donner aux entreprises, c’est "ouvrez vos portes!"», conclut Marie-Claude Frossard.