C’est une première en Suisse ainsi que sur les sites européens recon­ nus comme partie dupatrimoine mondial de l’humani­ té. La Commission intercommu­ nale de Lavaux (CIL) a publié un document précis et fouillé an­noncé comme «Guide pour une identité architecturale et paysa­ gère concertée». Il est disponible en version papier ainsi que télé­ chargeable sur le site www.la­vaux­unesco.ch, à l’intention du public, mais surtout des déci­ deurs (autorités, architectes, pro­ priétaires) intervenant en termes de construction, de rénovation et d’aménagement.

Deux ans de travaux de spécia­ listes et 200000 francs, dont 20% pris en charge par l’Office fédéral de la culture, ont été nécessaires à sa finalisation. Ce guide non contraignant, mais efficace et convaincant, se veut une base incontournable de travail pour toute personne concernée par le développement harmonieux de la région; de tout ce qui peut, et devrait, être fait en matière de développement des bourgs et vil­ lages du périmètre, sans oublier de traiter des fameux murs enpierre sèche. Hasard d’un calen­ drier fixé dès 2007, «il tombe à point nommé pour tenter de contrer les partisans de l’initiative Sauver Lavaux III (lancée en 2009) quelques mois avant que les citoyens du canton n’aient à se prononcer», admet volontiers Maurice Neyroud, président de la CIL.

Essentiellement descriptif et technique, le guide n’a en soi rien à voir avec le tourisme. Une dé­ duction trompeuse cependant. Gestionnaire du site Lavaux­ Unesco, Emmanuel Estoppey,qui a participé à son élaboration aux côtés de spécialistes et des autorités le souligne: «Tout ce qui peut avoir une incidence sur le paysage, sur les aménagements des bourgs et villages peut véhi­ culer une image sereine et attray­ ante de la région». Il en va ainsi des célèbres terrasses, de leurs murs, des façades, des toitures même, comme de l’intégration des formes. Et aussi de ce que les spécialistes appellent le «patri­ moine mineur», c'est­à­dire qu’il n’est pas répertorié, ni classé au titre de patrimoine.

Or, ce «petit» patrimoine, note Oliver Martin, de l’Office fédéral de la culture «participe lui aussi – oh combien! – du charme d’un lieu, d’une rue, d’une placette, d’un escalier.» En ce sens, c’est bien la première image qui paraît aux yeux du visiteur, du touriste résidant quelques jours dans la région ou de l’excursionniste du week­end. C’est l’un des mérites de ce guide que de le souligner, de l’expliquer et de l’illustrer sur­ tout qu’il n’exclut aucunement les aménagements et l’architectu­ re contemporains.

Un Espace Lavaux pourrait bientôt voir le jour entre Epesses et Rivaz
Au chapitre des réalisati­ ons plus traditionnelles, notons que le site de Lavaux pourrait bientôt dispo­ ser d’une Maison de Lavaux ou d’un Centre culturel de Lavaux. La dénomination n’en est pas encore déterminée. Cet espace pourrait abriter des expositions temporaires et permanentes de même que d’autres activités, encore à imaginer. Il prendraitplace au Clos des Moines, une grande maison vigneronne for­ tifiée située à mi­coteau dans l’étroite bande du Dézaley entre Epesses et Rivaz, propriété, avec le domaine qui l’entoure, de la Ville de Lausanne. Les négocia­ tions sur les modalités d’héber­ gement de cet Espace Lavaux sont en cours. Elles seraient même très avancées selon la volonté des deux partenaires.