En faisant appel à Bastian Baker pour lancer sa saison d'hiver, la base d'Air Glaciers de Leysin cherchait avant tout à se faire connaître. C'était sans compter sur le contexte ambiant de la COP21, qui a rapidement transformé la promotion de la nouvelle d'offre d'héli­-taxi entre la Riviera et Leysin en débat écologique. L'argument «du lac à la neige en sept minutes» a fait frémir la ville de Vevey, détentrice du label Cité de l'énergie. Les milieux touristiques, enthousiastes à l'annonce de ce nouveau service jugé «novateur», estiment que le débat a pris trop d'ampleur, rappelant au passage que «d’autres font pire». Selon eux, ce type de transport restera réservé à un marché de niche. Pourtant, Leysin a opté pour le slogan «Oxygène des Alpes», tandis que Les Diablerets poursuivent une stratégie verte et durable. Contradictoire?

La ville de Vevey dénonce, outre la question des autorisations «non délivrées» pour l'utilisation de la parcelle communale, l'usage annoncé par Air Glaciers: «L'essentiel de notre opposition porte sur l'inadéquation avec le label que nous défendons depuis neuf ans. L'hélicoptère n'est pas fait pour le tourisme de loisirs. En utilisant ce terrain, nous ne voulions pas être associés, même indirectement, à ce projet», indique le syndic Laurent Ballif. Pour lui, les transports publics et le réseau routier permettent parfaitement de desservir les deux stations vaudoises. Entre-temps, Air Glaciers aurait trouvé d'autres terrains privés dans les environs de Vevey pour assurer ce service de vol taxi. Officiellement, il pourrait démarrer dès samedi.

Air Glaciers a contacté des partenaires sur la Riviera, des hôtels notamment (lire ci-contre), pour implanter son offre. «L'argument du temps reste secondaire. Il s'agira avant tout d'un produit exclusif, pour un marché d'extrême niche, une clientèle aisée. La demande ne va pas exploser», estime Christoph Sturny, directeur de Montreux-Vevey Tourisme.

La compagnie d’aviation semble hésiter entre deux discours: celui de «la démocratisation» du vol en hélicoptère et celui d'un service susceptible de parler à «une clientèle pointue, de luxe, qui veut se faire plaisir». Elle explique surtout son intention de rendre visible une offre existante, améliorée d’un service concocté avec les partenaires touristiques. Selon plusieurs formules: vol en hélicoptère avec ski à Leysin ou à Glacier 3000, une nuit à l'hôtel,
un repas gastronomique, du toboganning ou encore une balade avec des chiens de traineaux. Pour la clientèle hôtelière, elle propose de fournir l'équipement de ski au complet, pour qui ­n'aurait pas songé à se rendre en montagne.

«Dynamiser une offre existante en ajoutant un petit plus»
«Il s'agit avant tout de dynamiser notre offre, en ajoutant un ­petit plus. L'héli-taxi ne constitue pas notre activité principale. Si nous pouvons réaliser une à deux rotations par weekend pour la première saison, nous sommes contents», défend Vincent Girardet, sales manager de l'héliport de Leysin. Ces activités sous-entendent de déposer les passagers à la base de Leysin, puis un véhicule les emmènera au pied des installations. L'héliski, beaucoup plus onéreux, fait aussi partie du panel de services.

Selon le chef de la base, Vincent Pernet, l'héli-taxi représenterait à Leysin actuellement 3 à 4% du chiffre d'affaires. Lui tablait sur 40 mouvements par an sur la Riviera. Air Glaciers démontre sa marge de progression par les chiffres: l'héliport de Leysin réaliserait en­tre 400 et 500 mouvements par an, alors que l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC) lui en autorise 1200. «La base de Leysin n'est selon nous pas totalement exploitée. En tant qu'entreprise, nous devons diversifier nos affaires pour survivre.»

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