Troupeaux de bétails et son­nailles, armaillis en costumes traditionnels, paysages verdoyants, chalets d'alpage. La scène de la montée à l'alpage, ou poya en francoprovençal, décore de nombreuses façades de fermes dans le canton de Fribourg. Emblème d'une tradition vivante, hommage aux gens de la terre, temps fort de la vie alpestre.

Le Musée gruérien de Bulle profite de la Fête de la Poya, qui aura lieu pour la septième fois à Estavannens du 8 au 12 mai 2013, pour consacrer une exposition à ce rituel hautement symbolique. «Les Chemins de la Poya» présente une trentaine de représentations de la montée à l'alpage, de ses débuts dans la première moitié du 19e siècle, à nos jours. Une imagerie que les artistes contemporains se réapproprient: le monde onirique d'Antonio Bruni, le tracé en zig-zag odorant du ­bédéiste Zep, la robe du créateur Thierry Dafflon. Preuve que la thématique fascine, transcende les époques.

«La poya est vecteur d'émotions, elle est associée au printemps, au renouveau», analyse Isabelle Raboud-Schüle, directrice et conservatrice du musée. Des représentations aux détails soi­gnés, une mise en scène souvent idéalisée. «Le rôle du musée est de montrer que la poya est plus complexe que certains clichés repris à des fin touristiques», poursuit Isabelle Raboud-Schüle.

La poya fait partie d'un tout, délicat mélange de sacré et de profane; une fête populaire célébrée à Estavannens à intervalles irréguliers depuis 1956. Les photographies des précédentes éditions en témoignent: moments de prières et recueillement, cortège et fanfares, danses, chants, retrouvailles conviviales. Elles se retrouvent dans un livre, publié pour l'occasion, sous le titre «La Fête de la Poya. Estavannens 1956-2000.» Une célébration donc relativement récente, née de l'envie de préserver cette tradition. La précédente édition, en 2000, avait attiré 60 000 personnes.