Des malades allongés à l'air libre recouverts d'épais duvets, installés en rang d'oignon face au soleil et au panorama ­alpin. L'image a fait le tour du monde. Station reconnue pour son ­ensoleillement généreux à l'abri du vent, Leysin comptait à son apogée dans les années 1940 près de 80 sanato­riums. Parmi ceux-ci de gros porteurs, comme le Grand-Hôtel et le Mont-Blanc Palace, mêlant avec subtilité les caractéristiques hôtelières et médicales. Malgré la reconversion de plusieurs d'entre eux dans les années 1960 au tourisme de masse, aucun n'a subsisté à ce jour en qualité d'hôtel. Jean-Marc Udriot, syndic de Leysin et administrateur de la société Reat qui exploite le Mercure Hôtel et l'Ibis budget à Leysin, parle de «volumes trop vastes pour assurer une rentabilité hôtelière, des charges trop lourdes pour être supportables.»

Bâtiments d'un autre temps, ­témoins d'une époque, celle où Leysin se positionnait dans le tourisme médical, plus particulièrement l'héliothérapie, la cure solaire mise au point et préconisée par le docteur Auguste Rollier pour le traitement de la tuberculose. Les Journées européennes du patrimoine de ce week-end ont rappelé l'histoire de ces perles architecturales, symboles de la notoriété internationale de Leysin au tournant du 20e siècle.

Le Grand-Hôtel s'inspire de la construction des palaces de plaine
Le développement de Leysin est étroitement lié au tourisme de Montreux. «Des tensions commençaient à apparaître dans le monde hôtelier à Montreux, où les malades côtoyaient les bien-portants. Mais il ne faut pas négliger l'intérêt économique qui a poussé le promoteur montreusien Ami Chessex à développer ses activités à Leysin», explique Liliane Des­ponds, historienne et spécialiste de la reconversion de Leysin. Le Grand-Hôtel, premier sanatorium de la station inauguré en 1892, fait office de figure de proue de ce nouveau marché. Henri Verrey signe l'architecture de ce bâtiment réalisé en deux temps, doté de 110 chambres. «Une proposition architecturale inédite, mêlant les acquis des hôtels de plaine à celle des sanatoriums existants à Davos et en Allemagne», relève Nicolas Rutz, étudiant en architecture et patrimoine à l'Université de Lausanne et responsable des visites lors des Journées du patrimoine.

lire la suite de l'article