Un site au nom provocant:«Occupy 50Best» et au sous-titreexplicite: «Arrêtez denous intoxiquer». Un site internetfrançais et une pétition lancés lasemaine dernière en France. Telleest la nouvelle attaque portée auconcours The World’s 50 Best Restaurantsorganisé par le magazine«Restaurant» et financé par SanPellegrino (filiale de Nestlé Waters)à l’aube de la proclamationde son palmarès lundi prochainpremier juin à Londres. Si ce concours,et la composition de sonjury ont souvent suscité l’interrogationdepuis son lancement en2002, c’est la première fois que lasalve vient de personnes qui sedéfinissent comme «trois citoyennesengagées» et non de la presse.
En fait, cela semble un peu pluscompliqué et désintéressé quecela, les trois citoyennes engagéesn’étant pas absentes de la vie publiqueet médiatique française.Zoé Reyners se trouve à la têtede l’agence de communicationkatchreyners.com entre Paris,New York et fut longtemps la proiede la presse people en tant quecompagne du chroniqueur NicolasBedos. Hind Meddeb journalisteet réalisatrice franco-tunisienneavait été médiatisée lors deson arrestation à Tunis en 2013 etsa libération le jour même pouravoir soutenu un rappeur tunisienqui dénonçait les pratiques policières.Quant à Marie dite Eastsider,elle anime un blog centrésur le retour de la nourriture versla nature. Les présentations étantfaites, on peut maintenant relireleur appel: «Nous, gourmets detous les pays, cuisiniers, critiques,gastronomiques ou simplesamoureux de la bonne chère, vousdemandons d’arrêter de financeret de soutenir ce classement opaque,sexiste et complaisant, quifait primer le nationalisme culinairesur la qualité des mets et lanotoriété des chefs sur la satisfactiondes clients, voire leur santé.»Les trois instigatrices de «Occupy50 Best» s’interrogent aussi sur lesjurés anonymes du concours,dont certains seraient des chefs oudes critiques, elles aimeraient queles responsables de région justifientavoir mangé dernièrementdans les établissements qu’ils défendent.
Certains chefs subiraientdes pressions
Intrigué par la radicalité du texte,nous contactons Zoé Reynerset pouvons très rapidement l’atteindrepar téléphone. Une voixspontanée, fraîche répond: «Noussommes étonnées par les sollicitationsmédiatiques, nous avonsmonté ce site en dix jours, les traductionsen anglais, espagnol etitalien ont été réalisées par mamère, celle en russe par un copain.L’impact de notre site estpour l’instant timide. Nous n’existonspas vraiment et restons humbles.» Une centaine d’amis pour lapage facebook en fin de semainedernière et le même nombre designatures pour la pétition. Maisquelques personnalités, parmiellesen tête Jean-André Charial,le chef deux étoiles à l’Oustau deBaumanière, connu pour son respectde la tradition, il nous répond:«J'ai accepté de signer car lafaçon dont est fait ce classementm'agace, on n'aboutit plus sur untest de notoriété que sur la notiond'excellence. Une compilation detous les guides gastronomiquesexistants me semblerait plus juste.» Jean-André Charial est affilié àRelais & Châteaux, comme DanielHumm l’Argovien du Eleven MadisonPark de New York, classé luiau quatrième rang du classementpétillant. Jean-Robert Pitte, présidentde la mission française dupatrimoine et des cultures alimentaires,figure aussi parmi lessignataires. Au niveau international,peu de personnalités, malgréle Néerlandais Peter Klosse, del’Académie de gastronomie.