Ville internationale, luxueuse, frontalière et aéroportuaire. Genève, potentiel paradis pour les taxis, est-elle devenue un enfer? Leur nombre n'a cessé d'augmenter ces dernières années, au point que les professionnels parlent de saturation du marché.
900 taxis publics, 250 taxis privés, 1500 transporteurs étrangers actifs à l'aéroport, recense le Département de la sécurité et de l’économie (DSE) du canton de Genève. Les transporteurs étrangers étaient 650 en 2010, les taxis privés une vingtaine en 2005. Le nombre de taxis publics est fixé par la loi pour répondre aux besoins de la population, 7 jours sur 7, 24h sur 24. Concurrence vive dans un environnement économique encore fragile, renforcée par l'arrivée de nouveaux acteurs reposant sur les applications mobiles.
L'arrivée de Uber redoutée par les compagnies de taxis
«La baisse de nos activités représente entre 15 et 20% depuis 2008», relève Pierre Jenni, vice-président de la centrale Taxi Phone, plus grande compagnie de taxis publics avec 650 véhicules. Pour les chauffeurs de taxis, il n'y a pas de place pour de nouveaux prestataires. Le nom «Uber» est dans toutes les bouches depuis que la société américaine a annoncé son intention de déployer ses services à Genève (lire ci-dessous). L'application mobile permet de mettre en relation les chauffeurs avec leurs clients potentiels en temps réel. «Il y a trop de taxis. Uber ne marchera pas à Genève. Nous offrons déjà un service similaire, avec de bons véhicules», estime Metin Gindiz, l’un des patrons de Taxis Ambassador, compagnie de taxis privés qui emploie 130 à 140 chauffeurs. Il est également à la tête de la société Ambassador Limousine.
La qualité du service offert par les taxis genevois est au cœur de la polémique et régulièrement pointée du doigt autant par la population que par les prestataires touristiques. «La problématique des taxis revient souvent dans nos études de satisfaction auprès de la clientèle», indique Marc-Antoine Nissille, président de la Société des hôteliers de Genève. Des critiques portant sur l'état des véhicules, la propreté, le paiement par carte de crédit, le refus de certaines courses.