Les offices du tourisme de Lausanne et de Montreux Riviera se rendent compte de l’importance de la visite de grands écrivains pour leurs régions, mais avouent humblement ne pas tout miser sur cet héritage. 

Pour Steeve Pasche, directeur de Lausanne Tourisme: «Leurs écrits valorisent souvent nos paysages et notre tradition d’accueil. Nous remarquons que nos représentants sur le marché américain mettent en avant les descriptions littéraires. Nous restons attentifs aux anniversaires de nos hôtes célèbres pour les mettre en valeur sur nos réseaux sociaux.» Du côté de Montreux Riviera Tourisme, son Content Manager, Maxime Fontannaz reconnaît un patrimoine immense mais pas aisé à utiliser: «Des références à de grands auteurs comme Rousseau figurent en toile de fond de nombreux de nos textes de promotion. Mais si nous mettons sur pied des tours et de véritables expériences pour raconter Charlie Chaplin ou Freddie Mercury, cela nous semble plus complexe autour de la figure de Vladimir Nabokov.» Pour Boris Vejdovsky, professeur de littérature: «On peut par exemple expliquer pourquoi Nabokov, qui s’est toujours battu pour une indépendance radicale, voulait vivre la dernière partie de sa vie à Montreux.» Evelyne Lüthi Graf, experte en histoire hôtelière et ancienne archiviste de Montreux, cite «Tendre est la nuit» de Francis Scott Fitzgerald: «Vous pouvez prendre le train à crémaillère à Montreux et lire lentement la page et demie qu’il consacre aux paysages. Cela va se terminer exactement lorsque vous arrivez en gare de Territet.»

Maxime Fontannaz relève tout de même la présence de nombreuses citations d’artistes dans le vignoble de Lavaux, tout comme la richesse des bancs qui racontent les visiteurs illustres dans toute la destination. «Il est important de commémorer le bicentenaire de la visite de Lord Byron au château de Chillon. Mais je ne vois pas un écrivain devenir le USP de notre destination», résume Maxime Fontannaz. Le professeur Boris Vejdovsky aime qu’on laisse résonner les lieux à partir des textes: «On ne peut pas partir sur les traces d’Ernest Hemingway avec un petit dépliant qui en dit trois fois rien.»