Chose assez rare pour être soulignée, le livre blanc édité mi-décembre par la Fondation Genève Tourisme & Congrès procure un vrai plaisir de lecture, tant sur le fond que sur la forme. Soyons francs, ce genre de publication ne présente souvent qu’un intérêt limité, écrit la plupart du temps dans un sabir corporate indigent.

Rien de tout cela sous la plume d’Adrien Genier, directeur de la fondation depuis exactement deux ans. Sur le ton agréable de la conversation, il offre ici une analyse experte et pragmatique de la structure du marché touristique genevois et de ses mutations, à l’aune de la crise du Covid. A ce sujet, Genève a sans doute été le canton le plus impacté par la pandémie (voir l’interview de l’hôtelier Gilles Rangon en page 12). Anecdote significative, il faut remonter à 1946 pour retrouver un niveau de nuitées à Genève tel que celui enregistré en 2020.

Mais dans les nombreuses thématiques qu’aborde le «Livre blanc du tourisme urbain à Genève», intéressons-nous à un point en particulier. Avec ses banques, son jet d’eau et ses organisations internationales, Genève est de loin la ville suisse la plus connue dans le monde.

Ce n’est pas là le moindre des paradoxes, lorsque l’on sait que Genève, à l’intérieur du pays, est considérée avec raison comme la ville la moins suisse qui soit. Il faut dire que la grande majorité de la population genevoise, encouragée par ses édiles, regarde beaucoup plus du côté de Paris, Londres, Lisbonne ou Milan que du côté de Berne ou de Zurich. Fribourg est très loin, aussi. Quant à parler allemand, quel intérêt, vous n’y pensez pas.

On ne peut donc que se réjouir de lire enfin dans ledit livre «l’attachement profond de Genève à la Suisse ainsi que les valeurs suisses qui sont présentes à Genève». Et l’on se réjouira tout autant de voir que la fondation, tout en cultivant l’ancrage historique international de Genève, redécouvre la Suisse en général et outre-Sarine en particulier. Elle a ainsi embauché il y a un an une collaboratrice dédiée au marché alémanique, tandis que la crise du Covid rappelait à tous, si nécessaire, l’importance du marché intérieur pour le secteur touristique romand.
 
geneve.com/livreblanc