N’avez-vous pas en ce mois de décembre le sentiment d’un amer goût de déjà-vu? Le variant Omicron court déjà dans toute l’Europe comme son cousin Delta une année auparavant, la Suisse annonce près de 24 000 cas positifs au SARS-CoV-2 en 72 heures, les cantons passent les uns après les autres à l’alerte rouge. Et que font l’Administration, le Conseil fédéral et le Parlement? Ils se battent dans une belle gabegie pour trouver les mesures les plus appropriées pour endiguer la crise.

On aurait pu croire, par exemple, qu’au fil des mois l’Office fédéral de la santé publique aurait compris que ses règles doivent être conçues en consultation avec l’économie. La quarantaine subitement mise en vigueur pour les pays à risque, avec ses doubles tests et l’obligation implicite aux hôteliers de contrôler leurs hôtes démontre une fois de plus combien cet office travaille en vase clos et peine à intérioriser les besoins de l’économie.

HotellerieSuisse est donc intervenu une fois de plus auprès du Conseil fédéral, a actionné en toute urgence Parlement et cantons au travers de ses associations régionales pour faire changer d’avis le gouvernement. Certes, le Conseil fédéral semble partiellement revenir en arrière, sa décision est attendue vendredi. Mais on s’étonne en entendant le ministre de la Santé reconnaître devant le Parlement que la décision n’était pas réfléchie jusqu’au bout. Alors, pourquoi prendre une telle décision qui a coûté entre-temps des dizaines de millions de francs à l’hôtellerie en annulations de réservations?

On pense aussi aux variantes sur les mesures d’endiguement qui seront, elles aussi, décidées vendredi et qui prévoient un lock down partiel. HotellerieSuisse s’oppose à la fermeture partielle des restaurants, bars et discothèques. Elle équivaudrait à un arrêt de mort pour les branches concernées et porterait un coup de grâce à toute la chaîne de valeur ajoutée touristique tant en ville qu’en montagne.

On pense enfin aux décisions prises par les chambres cette semaine concernant la prolongation des aides financières dans le cadre de la loi Covid-19. Si les mesures de l’assurance-chômage n’ont pas fait débat, tant leur effet stabilisateur est reconnu, il n’en va pas de même avec les aides pour les cas de rigueur. Le Conseil fédéral aurait préféré y renoncer au motif que les critères de l’ordonnance d’application ne sont plus satisfaisants. Le système mis en place est en effet trop compliqué: les pertes de chiffre d’affaires ne correspondent pas aux réalités des exploitations, la séparation entre petites et grandes entreprises est arbitraire, le plafonnement des aides trop restrictif, le financement entre Confédération et cantons disparate. Depuis quand cependant l’Etat révoque-t-il un édit parce que ce dernier est mal conçu? Il y va de la sécurité du droit pour le principe et de l’avenir du tissu économique pour les faits. Et que penser du culot du gouvernement de mettre en consultation des mesures de restriction supplémentaires sans annonce d’un quelconque plan financier d’accompagnement d’un côté et, la même semaine, de s’opposer à la prolongation des aides aux cas de rigueur? Le Parlement ne l’a heureusement pas suivi. Vingt-deux mois après le début de la crise, le verdict n’est que trop clair: nos autorités continuent de naviguer à vue.


Christophe Hans est responsable de Public Affairs d’HotellerieSuisse