Gilles Rangon, vous présidez la Société des hôteliers genevois, que représente pour vous le sommet diplomatique entre Joe Biden et Vladimir Poutine que vous accueillez en ce moment?
Cela va bien au-delà d’une simple opportunité diplomatique. On peut parler de grande fierté. Genève n’a plus accueilli un tel évènement depuis 1985. Nous pourrons démontrer notre capacité à accueillir une ren­contre unique entre deux grandes puissances mondiales en toute discrétion. En mettant en avant la sécurité, la neutralité, la qualité de nos services, des savoir-faire uniques.

Quel écho cela représente pour votre profession en particulier?
Cela contribue grandement au rayonnement de Genève à travers le monde à travers les Nations unies et évidemment notre infrastructure hôtelière performante avec treize 5 étoiles et des établissements de qualité dans tous les segments y participeront. Mais notons aussi que seule une économie circulaire performante avec nos nombreux partenaires comme l’évènementiel et les transports de personnes peuvent permettre d’accueillir un tel sommet.

On parle souvent des suites exceptionnelles du Président Wilson et de l’Intercontinental.
Façonneront-elles l’image du sommet?

Elles contribuent à offrir des mesures de sécurité et d’autonomie de très haut niveau. Mais même nous, entre collègues hôteliers, nous ne savons pas qui loge où. Nous sommes liés par un secret qui nous permet à tous de bénéficier de l’opportunité d’accueillir une rencontre dont les échos seront mondiaux. L’ensemble de nos établissements devrait afficher une occupation de 60% pendant ce sommet.

Mais cela s’accompagnera également de mesures restrictives pour la population…
Il s’agit surtout d’un des atouts de notre petite ville de pouvoir bloquer facilement tous les accès. Alors oui il y aura des fermetures d’avenues, des restrictions sur certains bâtiments et une présence accrue de la police et de l’armée. Mais il faut mettre cela en balance avec l’incroyable coup de projecteur dont bénéficiera notre destination et sur lequel il s’agira de capitaliser.

Après des mois très difficiles pour l'hôtellerie de ville, on sent chez vous un soulagement?
Oui, évidemment, même si les retombées économiques et immédiates seront difficiles à chiffrer. Il ne faut pas oublier que notre destination reposait jusqu’à maintenant sur 75% de tourisme d’affaires, de congrès et de diplomatie. Tout cela s’est complètement écroulé ces deux dernières années. Il reste un quart de segment loisir que l’on peut encore développer. On doit surfer sur ce sommet pour montrer que Genève ne s’arrête pas à son jet d’eau, mettre en valeur notre nature, notre offre culturelle. Mais la Confédération doit aussi nous aider avec des mesures de voyages assouplies pour sauver notre été. Nous aurons encore besoin d’aides financières fédérales complémentaires ces prochains mois, car certaines de nos charges fixes restent incompressibles davantage encore qu'à Zurich et à Bâle.

Encore un autre article sur le sujet dans hotelrevue  ce jeudi.