Quelles sont les missions actuelles de l’Observatoire de Vaud Promotion?
Notre mission principale est l’analyse et le suivi des données touristiques et économiques pour le canton de Vaud. L’objectif est de fournir des données pertinentes et utiles aux partenaires de la promotion du territoire vaudois, mieux connaître les marchés, mesurer les flux, etc. Nous sommes aussi amenés à conseiller ponctuellement les porteurs de projets touristiques souhaitant obtenir un soutien financier dans le cadre de la loi sur l’appui au développement économique (LADE).

L’obtention des données pose souvent problème. Comment collaborez-vous à ce sujet avec vos partenaires?
C’est en effet une question fondamentale, et c’est une des raisons pour laquelle nous avons récemment recruté un data analyst. En collaboration avec le Service digital de Vaud Promotion, l’une de nos priorités actuelles est de mettre sur pied une plateforme de données à l'échelle cantonale afin de restituer des analyses de données à haute valeur ajoutée à l’ensemble de nos partenaires. Nous avons besoin pour cela de données brutes fournies par les destinations, hôteliers, musées, remontées mécaniques ou encore régies de transports. Sans oublier les données des autres partenaires, comme les prestataires de la parahôtellerie: les campings, etc. En retour, nous pourrons leur transmettre des tableaux de bord avec des informations agrégées répondant à leurs besoins. L’objectif serait à terme de transmettre des informations en temps réel et de pouvoir faire de la prospective.

Vaud Promotion sera le garant de la sécurité des données.

Cela s’inscrit dans la lignée du projet pilote «Smart Région Touristique» de Nyon, que le canton de Vaud a soutenu dans le cadre du Resilient Tourism Flagship?
Tout à fait. Nyon Région Tourisme, en collaboration avec la société suisse Blent, a lancé une plateforme de visualisation des données en temps réel pour la région de Nyon à partir des informations et statistiques appartenant aux différents prestataires touristiques (hébergements, highlights, offices de tourisme, etc.). La plateforme de données souhaitée par Vaud Promotion suivra le même principe de fonctionnement, mais s’étendra à l’ensemble du canton. Il est clair que ce genre d’outils représente l’avenir.

Vous allez donc, dans un premier temps, démarcher les partenaires potentiels pour qu’ils acceptent de vous transmettre leurs données?
Oui, l’Observatoire va d’abord devoir convaincre les partenaires touristiques de se mettre ensemble et créer des liens pour transmettre les données. Sur le plan technique, c’est assez complexe à mettre en place. Il s’agit de connecter différents systèmes de récolte de données entre eux, sachant que la plupart du temps, chaque établissement travaille avec son propre système. Et sur le plan stratégique, il faut aussi que nos partenaires aient une idée claire de l’utilité de toutes ces données, afin que cela réponde à des besoins précis. [IMG 2]

Comment allez-vous les convaincre?
Nous devons être capables de montrer la plus-value concrète que cet outil va apporter à nos partenaires, par exemple au niveau du benchmarking. La plus-value sera de dire: non seulement vous avez une partie analytique intéressante, mais vous pourrez en plus croiser des données et voir comment vous vous positionnez par rapport à vos concurrents dans la région, dans le canton ou encore ailleurs.

Une question que l’on pose souvent concerne la provenance géographique des touristes. Comment allez-vous opérer?Actuellement, il est difficile de savoir d’où viennent les touristes visitant le canton de Vaud, à moins de leur demander explicitement. C’est ce que font certains musées, comme le Musée Olympique, ou certains hôtels. Mais concrètement, je ne peux pas vous dire aujourd’hui, sur la base des relevés de l’hôtellerie publiés par l’Office fédéral de la statistique, si les touristes suisses venus chez nous cet été étaient plutôt alémaniques ou tessinois. Pour obtenir plus de détails sur la provenance de nos hôtes, nous avons commencé à utiliser les données mobiles récoltées par Swisscom, afin de pouvoir déterminer plus précisément le nombre de touristes suisses allemands, romands, etc. présents tel moment à tel endroit. Si l’on est capable de traiter ces données en temps réel, on pourra alors transmettre des informations statistiques beaucoup plus fines à nos partenaires.

Restituer des analyses à haute valeur ajoutée à nos partenaires.

Comment allez-vous garantir l’anonymat des données qui vous seront fournies?
Nous agissons dans le cadre de la loi sur la protection des données (LPD), qui reste très stricte. Vaud Promotion sera le garant de la sécurité des données et de leur utilisation, et à tout moment, un partenaire pourra venir nous solliciter pour savoir ce que l’on fait en réalité de ses données. Une des possibilités serait de signer des conventions avec chaque groupe d’interlocuteurs pour bien encadrer l’utilisation de leurs données.


Etude économique

Manque de données économiques dans le secteur hôtelier

En collaboration avec Vaud Promotion, l’Association Romande des Hôteliers (ARH) finance une étude sur les retombées économiques du tourisme dans le canton de Vaud. Cette étude, qui doit être lancée début décembre et dont les résultats sont attendus vers juin 2024, est menée par BAK Economics AG, un institut de recherche économique bâlois indépendant. «L’infrastructure d’hébergement est essentielle, pour ne pas dire revêt une importance systémique quasi comparable aux banques, pour le développement économique d’une région ou d’un canton», souligne Alain Becker, directeur de l’ARH. «Mais nous avons besoin de chiffres concrets qui viennent documenter ces observations. On s’est aperçu dans nos objectifs stratégiques que nous manquions clairement de données économiques dans le domaine de l’hôtellerie», ajoute-t-il.

La collaboration des hôteliers avec le projet de plateforme de données touristiques de Vaud Promotion est également l’une des priorités de l’ARH. A titre d’exemple, il est rare qu’un établissement hôtelier connaisse précisément son ratio entre clientèle business et clientèle loisirs. «S’il est possible d’obtenir de manière rapide et par voie électronique ce genre de renseignements, pour ensuite les transmettre à la plateforme et obtenir en retour des analyses pertinentes pour la stratégie de l’hôtelier, je pense que tout le monde y trouvera son compte», assure Alain Becker.