Cédric Bangerter, de Hôtel & Eventlocation Le Pont-de-Thielle, à Gals (BE), petit établissement de neuf chambres, nous a écrit, car il tenait à sensibiliser ses collègues hôteliers sur les conditions de contrats avec les sociétés qui lui fournissent son terminal pour les cartes de crédit. Il estimait, dans l’entretien qu’il nous a accordé, que cela valait la peine de s’informer sur l’ensemble des acteurs du marché, pour vérifier que l’hôtelier paie le montant justifié.

Après avoir vérifié ses informations auprès de plusieurs acteurs, nous choisissons de développer le sujet avec Marianne Bregenzer, directrice de Nets Suisse, partenaire premium d’HotellerieSuisse depuis plus d’une dizaine d’années.

[IMG 2] Marianne Bregenzer, en tant que Country General Manager de Nets Suisse, pouvez-vous nous expliquer l’actualité autour des récentes décisions de plusieurs banques émettrices de cartes en Suisse de renoncer au système EC et de passer à la Visa Débit et Mastecard Débit…

ll faut peut-être commencer par préciser que la Suisse reste un pays de débit, contrairement à des pays de crédit comme par exemple les Etats-Unis, et que le débit est considéré comme le moyen de paiement préféré des Suisses. Les nouvelles cartes de débit peuvent également être utilisées sur Internet. Cela devient un avantage pour les hôtels, car les nuitées sont souvent réservées à l'avance en ligne. Les nombreux avantages de la carte de débit ont incité les banques à remplacer progressivement les cartes EC.

Quelle politique Nets Suisse applique pour les hôteliers?

Nous avons décidé d’appliquer le langage du Smart Pricing, car nos partenaires travaillent avec différentes structures de prix et de coûts. Les hôteliers peuvent donc choisir un taux avec pourcentage ou un taux fixe.

Qu’est-ce qui distingue l’hôtellerie d’autres branches dans sa relation avec l’acquéreur?

Le fait que le client ne paie pas systématiquement en avance, qu’il réserve en ligne, par exemple moi maintenant pour les vacances de relâche, et ne paie souvent qu’au terme de son séjour. L’hôtelier vérifie auprès de nous que la carte soit valide et qu’elle contienne de l’argent au moment du check-in de l’hôte. Nous assurons les fonctions de sécurité, de préautorisation et d’autorisation pour toutes les cartes, y compris les nouvelles cartes de débit.

Avec quel type d’hôtelier travaillez-vous? Plutôt des groupes ou des indépendants?

Principalement avec des indépendants et au niveau local. C’est pour cela que nous disposons d’un bureau dans les trois régions linguistiques. Les grands groupes hôteliers mondiaux travaillent avec d’autres structures, mais nous travaillons aussi avec certains petits groupes hôteliers.

Ce qui explique votre partenariat avec les associations professionnelles de la branche?

Le partenariat direct avec les hôteliers s’avère prépondérant et leur permet de vérifier la validité de leurs engagements financiers chaque fin de journée. Nos 140 collaborateurs recherchent un fort ancrage de proximité sur l'ensemble du marché suisse que nous permet une association comme HotellerieSuisse.

Vous pouvez parfois aussi fournir des informations par exemple aux restaurateurs qui ne les possèdent pas?

Oui, nous analysons de plus en plus les données de transaction de manière anonyme et dans le respect des dispositions en vigueur en matière de protection des données. Cela nous permet par exemple de fournir aux hôteliers et aux restaurateurs des informations sur la provenance de leurs clients et sur leur mode de paiement. Ces données permettent d'adapter encore mieux l'offre aux groupes cibles correspondants.

Pourquoi proposez-vous des contrats à court et long termes?

Parce que certains établissements ne travaillent que sur une saison ou proposent des pop-ups ponctuels. On propose des contrats sur 12 mois et à long terme sur 30 mois, ce que privilégient souvent les hôteliers classiques.

Les règles du marché sont-elles les mêmes en Suisse, en Europe et dans le monde?

Il existe certaines spécificités par pays avec des systèmes de carte de crédit local comme au Danemark. Et comme la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne, elle développe quelques moyens de paiements uniques comme Twint, la Poste Carte, les chèques Reka ou les lunch-checks. Dans tous ces cas de figure, nous assurons l’acceptation technique de ces cartes mais pas d’autres services additionnels.

Mais cela fonctionne différemment avec les bons cadeaux qui se répandent en cette fin d’année…

Oui, il peut s’agir de nouvelles sources de revenus pour nous, car nous pouvons légalement assumer l’ensemble des prestations avec ces sociétés partenaires émettrices de bons cadeaux.

En termes de réservations, notamment après la Lex Booking, qu’est-ce qui change pour vous?

Cela n’engendre pas de changements primordiaux pour nous puisque nous travaillons majoritairement en relations directes avec des hôteliers indépendants. Mais cela nous réjouit évidemment pour l’ensemble de la branche hôtelière en Suisse.

Les marchés chinois et indien travaillent avec d’autres cartes de crédit. Sont-ils très spécifiques?

Oui, parce que l’encaissement sur ce type de carte revient plus cher et donc il reste important pour l’hôtelier d’identifier clairement son offre pour pouvoir la personnaliser avec nous.

Donc vous dites qu’il n’y a pas de différences en fonction de la situation de l’hôtel en ville ou en montagne ou en fonction du nombre d’étoiles, mais que cela se joue plutôt en fonction de la taille de l’hôtel…

Il faut préciser que dans notre métier, on ne peut pas établir de règles générales. Mais les situations ne diffèrent pas drastiquement entre des établissements situés en ville et en montagne ou entre les segments 5 étoiles et 2 étoiles. Alors qu’en effet neuf chambres, comme l’hôtelier qui vous a contacté, ou 200 chambres, cela ne représente pas les mêmes volumes de transaction. Même chose pour un restaurant qui possède une énorme terrasse…

 

Parcours
Une experte de la stratégie

Marianne Bregenzer
occupe le poste de Senior Vice President auprès de Nets, du groupe Nexi. Elle est General Manager pour la Suisse. Elle supervise toutes les questions liées aux commerçants acquéreurs, aux solutions de paiement, tout comme la dimension stratégique et la conduite de l’entreprise. Avant de rejoindre Nets en 2019, elle était responsable de la comptabilité internationale, de Six Payment Services, devenu Worldline. Elle a débuté sa carrière chez Kuoni Voyages, occupant plusieurs postes dans le développement de l’entreprise. Le français et l'allemand sont ses langues maternelles. aca

Un ecosystème
Les acquéreurs fournissent les terminaux et donnent les autorisations d'encaissement


Nets Suisse est actif sur un marché particulier, un écosystème qui comprend quatre partenaires: des banques émettrices, des cartes skills (compagnies émettrices de cartes), des acquéreurs comme Nets Suisse ainsi que les commerçants et les consommateurs. Les acquéreurs fournissent les terminaux physiques digitaux, traitent les transactions et donnent l’autorisation d’encaissement. 
Nets, en association avec le groupe Nexi, est une PayTech de premier plan, active dans plus de 25 pays européens. Nets, actif seulement en Europe, a commencé ses activités en Finlande et en Scandinavie, et propose désormais des services dans plus de 15 pays. Il est le sixième acteur mondial de ce marché, derrière notamment Worldline, qui a racheté Ingenico pour devenir numéro 4 mondial. En Suisse, Nets est le numéro deux derrière le leader du marché Worldline. Nets Suisse emploie au total 140  personnes et dispose de bureaux régionaux à Zurich, à Gland et au Tessin. aca

Alexandre Caldara