A Interlaken, les promoteurs de la destination de l'Oberland bernois s'attendent à ce que la majorité de la clientèle estivale vienne «de Suisse ou des pays voisins, comme la France», a expliqué à AWP Christoph Leibundgut, responsable de la communication d'Interlaken Tourism, qui mise sur la beauté des lacs et des montagnes environnants pour séduire sportifs et familles en ces temps de pandémie. L'été 2021 tranchera à nouveau avec un été normal, où la cité au pied de l'Eiger, Mönch et Jungfrau accueille d'habitude 80% de touristes étrangers. En 2019, elle avait attiré 670'400 personnes de Corée, de Chine, des pays du Golfe et des Etats-Unis. Un chiffre qui avait plongé de 90% en 2020, quand la part des Suisses avait grimpé de plus d'un quart à presque 54'000 personnes.

Les premiers signaux se veulent tout de même positifs, en lien avec l'attrait du grand air. «La demande pour des vacances en campings est très réjouissante». Ils «enregistrent de très bons niveaux de réservation», en particulier ceux situés au bord des lacs. Dans la très huppée Gstaad, la priorité est au marché suisse, comme l'été dernier. Une cible qui devrait encore croître dans les prochaines années. La demande est «positive» pour les hôtels. Mais si avant la pandémie, un tiers des hôtes venaient de l'étranger, leur absence sera particulièrement ressentie par les établissements 5 étoiles.

Un déséquilibre entre pays
En Valais, en tant que «région de montagne, on sera privilégié cet été, mais le niveau des réservations n'est pas celui de 2019», a concédé Damian Constantin, directeur de Valais Promotion. «On sera toujours inférieur à il y a deux ans, car il manquera les 24% de clientèle des marchés lointains dont l'Asie.» Dans le canton, la saison estivale pèse moins lourd économiquement que celle d'hiver. Mais elle est plus conséquente en termes de fréquentation. La communication, mettant en valeur produits du terroir et paysages alpins, a été axée «sur les marchés de proximité, avec en plus de la Suisse, la France, l'Allemagne, l'Angleterre et le Benelux.» L'organisme a mis sur pied en janvier une place de marché, «où les clients ont un accès direct aux produits et services du Valais. On ne peut pas concurrencer Booking mais on compte déjà plus de 2500 hébergements.» Par ailleurs, il explique aussi: «Il y a toujours des discussions politiques sur l'équité entre voyageurs, pour qu'un Français ou un Allemand n'ait pas besoin de faire une quarantaine en venant ici et idem pour un Suisse à l'étranger.»
Si les régions de montagne comptent à nouveau tirer leur épingle du jeu cette année, les destinations urbaines savent que la partie sera plus difficile.

Il y a deux ans, Lucerne avait vu plus de 50% de visiteurs américains et asiatiques s'attarder sur ses quais et devant son fameux lion. Pour la belle saison, la ville se recentre sur le marché helvétique, en lançant une campagne de communication en Suisse romande.  «Dans les hôtels, les réservations sont contenues et se font à très court terme», a expliqué Marcel Perren, directeur de l'office du tourisme. Pour l'ensemble de l'année, il ne table que sur 43% des nuitées de 2019. Cette année «restera très difficile pour le tourisme urbain».

A Bâle, où les étrangers représentent habituellement les deux tiers des vacanciers, l'office du tourisme mise désormais sur les Alémaniques et les Romands, mais aussi sur les Français et les Allemands. «Nous attendons des visiteurs d'Amérique du nord au plus tôt cet automne ou en 2022 pour l'Asie», a précisé Christoph Bosshardt de Basel Tourismus.

Mais est-ce que les Suisses voudront vraiment vivre un bis repetita de leurs vacances 2020? Ou plutôt aller voir si le soleil est plus chaud ailleurs? La compagnie aérienne Swiss a dans l'immédiat fait part d'une augmentation de son offre estivale, notamment en direction de l'espace méditerranéen, pour faire face à la demande. (ats/aca)